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De bien curieuse boules en Aveyron… (1) Si vous pouviez vous taire….

Dernière mise à jour : 12 avr. 2023

Commencer par la conclusion, voilà qui n’est pas banal. Mais je me doute bien que les afficionados de la « soucoupe » continueront à défendre bec et ongle les élucubrations de cette affaire sans véritablement tenir compte de ce qui va suivre. En plaçant bien en évidence la lettre d’interdiction de publication de ce qui va suivre, ils auront ainsi derechef bien du mal à ne pas reconnaitre l’injonction.

J’ai déjà écrit ça et là et dit à plusieurs reprises de vive voix, que je ne suis pas l’ennemi de l’ufologie. Que je pensais qu’il était salutaire de faire connaitre la vérité d’une affaire, quelle que soit sa teneur plutôt que de faire l’autruche même si c’est un drôle d’oiseau. Ces révélations, aussi pénibles soient-elles à lire, participent au monde étrange des ufologues car l’affaire est emblématique surtout depuis les « révélations » de Roro (surnom du témoin) et ses aventures durant une année de disparition (dit-il) et ses expériences sexuelles avec une représentante féminine des zitis ! L’hyper complotisme Trotta (1) reprenant par business ces élucubrations sans aucun esprit critique, ce qui est à l’image du personnage.

Alors je commence ce billet par la fin puisque je ne suis pas certain que les pro-soucoupistes aillent au bout :

Le ton est donné : Aucun droit de diffusion de la contre-enquête mettant un sacré bémol sur le témoignage des « boules de l’Aveyron ». Je vais donc respecter cela et n’en extraire que les bons moments, sachant que ceux qui voudraient lire l’intégralité pourront le faire sur une simple demande auprès de moi.

J’ai horreur de la censure, même s’il m’arrive de limiter certains dires, à la fois par déférence envers un auteur qui se ridiculise alors ou parce qu’il serait peu respectueux des dires d'autrui. Alors là j’en assume une certaine forme, autant le dire. Ajoutons tout de suite qu’il n’est nullement question de jugement sur les gens ici, mais sur la méthode employée. Il n’y a donc aucune intention volontairement péjorative dans l’emploi de certaines expressions comme « exoticiens » ou « tenant-croyant » par exemple. Il s’agit d’une commodité ! Alors certes c’est du « brutal » comme le dirait feu Audiard, mais j’assume.

Notez bien qu’il est curieux que notre témoin particulier, s’affichant devant une assistance prête à recueillir la saveur des révélations de ce brave Robert, refusait jadis une telle publication. J’y vois, méchant de mon état, que de nos jours, la notoriété aidant, soit il ne fait plus cas de cela (et je l’ignore au moment où j’écris ces quelques lignes) , soit il a tout bêtement oublié ! Or ce qui est écrit, le reste et le drame est que la diffusion peut désormais se faire ailleurs que dans une revue, aussi importante soit-elle, qui ne réserve ces articles qu’aux abonnés.

Cette histoire fit l’objet d’un énorme article à la gloire de l’association sus nommée plus haut, une pleine page de la version grand format du Parisien Libéré en 1971 et qui encadrait 4 autres articles du même tonneau. (2)


(Extrait, l'article au complet est disponible sur simple demande)


Décryptons à présent les faits, tel que Lumières Dans La Nuit (LDLN) les diffusèrent alors (3)

D’entrée de jeu il est dûment mentionné : « En aucun cas ce texte ou une partie de ce texte ne doit être publié sans autorisation spéciale de LDLN ». Doit-on, soupçonneux comme je suis, y voir déjà à cette époque de quoi faire critique et mettre en doute l’ensemble du dossier ? Le ton est donné dans ce numéro de LDLN n° 107 en page 11. Les enquêteurs furent alors G Canourgues, J Chasseigne, F Dupin de la Guerivière et F Lagarde qui en guise de préambule nous donnent le comment cette affaire fut connue. Un courrier reçu en novembre 1969 par F Dupin de la Guerivière s’avéra tellement fantastique que même l’endroit exact sera tenu secret. De nos jours avec les outils du net, il est assez facile de trouver l’endroit.

J’invite le lecteur à consulter les quatre numéros dédiés « aux boules de l’Aveyron » afin d’en avoir une lecture plus exhaustive que ce simple billet. Notons qu’on y dresse un portrait savoureux : «… cette famille de terriens savent regarder et ignorent la peur » ! Ensuite les enquêteurs avouent que les faits sont tellement nombreux qu’il est impossible d’en faire une chronologie et que même les témoins s’y perdent ! Je n’en conclus rien même si ces histoires de hots spots (4) ne sentent jamais très bon…

15 juin 1966 vers 21h30

C’est la grand-mère qui témoigne : « J’ai ouvert la fenêtre, un petit moment, parce que des fois, quand on est âgé on va respirer l’air, ou n’importe, mais jamais je n’avais vu des lumières comme ça ! Des choses comme ça ! Ça n’éclairait pas…C’était des feux, des feux, des feux ! »

Les enquêteurs détaillent ce qu’ils peuvent mais nous apprenons que ces feux étaient sur une colline à l’ouest. Ces « feux » (mettons à présent des guillemets) se déplaçaient sur la colline, semblaient se rapprocher. Ils vont vers un ruisseau, vers une maison au loin. Là les enquêteurs introduisent le terme « boules » en lieu de place de « feux ». « Je suis saisie de peur (les boules étaient à 90 mètres) … tout va bruler, la maison et nous avec, alors j’ai appelé… ».

C’est après tout ce qu’en dit la Grand-Mère. De là les enquêteurs alignent des lignes de récit interprété des dires de ce premier témoin. Extrait « Non moins remarquable la marche des « ces boules » lumineuses venues d’aussi loin au travers d ‘obstacles, haies et bois, champ pour se diriger vers cette ferme dans un but qu’on n’explique pas. Comment leur dénier une volonté, une sorte d’instinct, une intelligence enfin. »

Certes nous sommes dans un autre temps, un temps de la narration sensationnelle tel que LDLN en effectuait beaucoup (Tyrode déjà avec l’affaire dite de Taizé (5)). Les lecteurs devaient avoir leur dose régulière de sensation et les enquêteurs étaient dans cette veine de l’incroyable ! Je ne souviens de mon référant LDLN du temps où je résidais dans le 93 ! Une enquête, une présence de la lune et… « La lune n’est pas utile dans ton récit, il faut rester sur ce qu’en dit le témoin et sur ce que nous savons » ! Je n’ai jamais su ce que voulais dire « Nous savons » à moins d’être propre, avec ce « savon »,mais j’ai été surpris que la mention de la lune ne dût figurer dans mon humble rapport d’enquête. Or ce fut l’explication des années plus tard ! Nous avons donc ici la confirmation d’une certaine politique du mystère parfaitement raccord avec les croyances des lecteurs. Je ne juge de rien, c’est un constat que je ne suis pas le seul à avoir fait alors !

Bref, revenons à ces feux (boules) mystérieuses : Interrogé à son tour le gendre, présent lors de l’observation de la grand-mère, déclare : « J’ai été à la fenêtre, je n’ai rien vu sur le moment, je n’ai rien vu, je n’ai rien vu. J’ai attendue deux ou trois minutes, puis j’ai vu cette boule-là, à 15 mètres de la maison. »

Qu’il existe quelques différences, nous le savons tous, il n’y a rien de surprenant. Surtout dans de pareil cas. La surprise, le peur (qui n’existe pas pardon), le temps passant, tout cela participe aux difficultés de compréhension d’un cas. Nous apprenons alors que cette boule était immobile, restant là deux ou trois minutes et puis, pfff, plus rien. Puis ce nouveau témoin sort et observe alors six boules identiques, à environ 1 ou 1,2 km de lui au loin. Elles étaient dans un champ… Il confirme les avoir vu se déplacer dans ce champ, à pas d’homme (lentement)… comme un tracteur…

L’image est belle et correspond parfaitement ! Et à partir du 15 mai on récolte le foin ! Le travail de nuit existe depuis des temps quasi immémoriaux. Bref cette piste est négligée mais comme dit plus haut, les enquêteurs de l’époque ne cherchaient pas encore à comprendre, ils recueillaient.


Ce témoin semble cependant de bonne foi et indique avec une certaine lucidité : « Je dis c’est un tracteur, un tracteur… mais il n’y avait pas de bruit, je l’aurait entendu parce que la nuit on entend loin, mais je n’ai rien entendu ».

C’est classique, un témoin a l’idée de ce qu’il voit sans le reconnaitre et le rejette avec un argument qu’il pense solide. Ici l’absence de bruit. Mais à plus d’un kilomètre, vers l’ouest…
Dans son numéro 108, LDLN poursuit l’enquête fabuleuse avec un autre cas. Les enquêteurs sont les mêmes. En revanche figure en annotation, juste sous le titre et afin de ne pas l’ignorer le fameux texte d’introduction interdisant la reprise des textes et photos, un ajout en … anglais !

L’enquêteur M Chasseigne écrit alors le 22 mai 1970 : « Je suis sûr qu’il y a une foule de faits dont nous n’avons pas connaissance et qui apparaissent comme des flashes dans la conversation. Ainsi le père aurait vu une boule bien avant le 15 juin et l’aïeule en a vu après ».
Le décor est planté, l’enquêteur en attente ! Ce qui revient à dire qu’au départ de toute cette affaire, seul le cas du 15 juin 1965 était connu ! Nous apprenons également que c’était un dimanche de fête…

Un des enquêteurs demande alors : « Vous les avez revues après, avant le mois de juin 1967 ? Comment ça s’est passé cette fois ? ». Forme affirmative et question fermée !
Le père répond alors « Ah ! J’ai vu une boule dans le ciel ». Et c’est à ce moment-là qu’entre ne jeu le fils, celui qui va faire parler de lui des années après en affirmant avoir été en contact avec des intelligence du dehors, avoir disparu en leur compagnie durant une année et avoir … copulé pour faire une nouvelle « race » avec une représentante féminine ET !

Lorsqu’un des enquêteurs LDLN demande si c’était au même endroit, il répond derechef « Mais ce n’était pas ce jour-là », il ajoute quasi aussitôt alors que son père acquiesce « Il n’y a pas si longtemps que ça. Cela fait cinq ou six mois » (donc en 1969).
Rappel à l’ordre des enquêteurs qui déclarent : « Mais nous n’en sommes pas encore là, nous sommes au vendredi 6 janvier 1967 ».

06 janvier 1967

L’observation fait état de la présence d’une lumière dans la cour de l’écurie qu’il situe entre 50 m et 3 mètres de la maison. Cette « boule » suivra le témoin sur 60 m environ et lorsqu’il voulut rentrer chez lui la boule lui barra le passage. Il estime son diamètre à environ 1,50 m et de couleur blanche (réponse faite suite à une demande ciblée là encore !). Il précise que c’était lumineux et n’éclairait pas le sol.

Pourtant, sur le dessin représentant la scène, F Lagarde indique clairement : « La fenêtre du témoin qu’éclairait l’engin… » !


Une étoile remarquable à l’horizon, la fête (où se situait-elle ?), ces points n’ont pas été vérifié non plus.Ici nous avons quasi un syndrome de la boule suiveuse comme dans les méprises avec la Lune.

Son fils finira par descendre et un des enquêteurs demande curieusement : « Alors c’est cette fois que vous avez aperçu tous les deux le fameux obus » ? – La réponse fuse : Oui, ensemble père et fils ! Comme chacun des lecteurs pourront le constater, pas facile de suivre une chronologie des cas. On part d’une boule visible vers l’Est et qui pourrait être un astre au-dessus de l’horizon, ce qui expliquerait le fait qu’elle soit lumineuse mais n’éclaire pas le sol, et nous en arrivons à une sorte « d’obus » !

L’étrange échange nous donne ceci :
- Moi j’ai vu les six boules (fils)
- Ah oui ! Mais ça… Moi je ne suis pas resté … je suis rentré me coucher. (Grand-Mère)
- Vous avez vu « l’obus » mais vous n’avez pas continué à regarder ? (Enquêteurs)
- Non, non, je n’ai pas continué la séance … (en riant), ah,ah,ah ! (Père)
Cela ressemble presque à un désaveu, déjà, ou une fuite pour ne pas contredire son fils !

Le fils poursuit le récit que va devenir fantastique :
- Alors vous (au fils) qu’est-ce que vous avez vu à ce moment-là ? (Enquêteurs)
- Alors moi j’ai vu « l’obus » avec les trois branches de chaque côté. (Fils)
- Il y avait des branches ? (Enquêteurs)
- Oui, elles étaient droites … exactement comme celles du dessin (qui figure en page de couverture de LDLN n° 107) (Fils)

Le fils décrira trois branches de chaque côté et à un moment donné une boule sur chaque branche, trois boules de chaque côté cela faisait six boules ! Il indique avoir observé en sus comme un phare en haut. « Il éclairait toute la chambre, j’avais la fenêtre ouverte là en face ». Il précise enfin qu’il devait être vers 23h 23h15 ce soir là au moment de l’observation de « l’obus ».

Les enquêteurs LDLN indiquent que le fils est un témoin important, qu’il est confronté au phénomène régulièrement (il reverra « l’obus » ou des boules). Lors de la conversation, ce témoin privilégié prendra toute la place, focalisant l’intérêt des enquêteurs en dépit des précautions nécessaire ici. Son influence est palpable. Le fils ira jusqu’à déclarer qu’une fois il fut l’objet d’une poursuite en voiture.

Il existe d’autres récits, du même tonneau, dont nous ne pouvons pas faire grand-chose tellement la narration est faible. Vision de « l’obus » les 7,9 ou 10 janvier 1967, le 8 ce furent les chiennes des témoins qui poursuivirent ces boules…

Et malgré le fait que ce billet commence à être un peu trop long, nous devons tout de même résumer la dernière partie de l’enquête LDLN. Le fils est naturellement au centre de toutes ces histoires. Un mercredi il aperçoit une boule montant le long d’un petit chemin qui allait suivre la voiture. Elle se situait devant le véhicule. Il aperçut au même moment « l’obus » près d’un piquet, immense et à moins de 10 mètres de lui. Sur questions des enquêteurs qui donnent alors de chiffres, le témoin colle aux dires :

- Entre le sol et « l’obus » il y avait 2 ou 3 mètres ? (Enquêteurs)
- Oh non, attendez, il y avait 2 mètres disons. (Fils)
- Mais lors, il était à 30 mètres de la voiture ! Si près que ça ? (Enquêteurs)
- Ah oui ! (Fils)
- Cela faisait 23/35 mètres à tout casser ! (Enquêteurs)
- C’est là oui ! Il est parti dans cette direction là-bas, vous voyez. (Fils)

Le reste est à l’avenant, les questions dirigées succèdent aux questions dirigées et le témoin valide ! Le fils décrira d’autres péripéties impossibles à résumer ici, mais l’accès à l’enquête complète figure en lien tout en bas de ce billet.
Les impressions des enquêteurs figurent en bonne place, avec parfois une bonne lucidité même si la croyance est forte. Ce qu’il faut bien comprendre c’est que le fils est le témoin privilégié ici de l’ensemble du dossier. Il jalonne et marque presque son territoire. Il valide les questions et affirmations qui lui sont soumises.

Ce même soir, notre témoin apercevra une « soucoupe volante » juste après que son moteur s’arrêta au milieu de la route. Il vit deux passagers à bord de l’objet. Il déclare avoir vu cet engin descendre vers lui, que l’intérieur était verdâtre, une « soucoupe » avec deux dômes, avec une sorte de brouillard dedans et il cru voir deux personnages, des cosmonautes, blanc sur vert.

Sur ce point de l’observation les enquêteurs se livrent à un véritable festival :

- Ça ne remuait pas ?
- Il y avait une forme de tête peut-être ?
- On ne voyait pas les yeux, on ne voyait rien ?
- Et vous avez vu leurs combinaisons ?
- Et la soucoupe est restée immobile ?
- En tangage ?
- En roulis ?
- Les deux ?

Notre témoin parlera enfin d’une paralysie qu’il attribue peut-être à la frousse puisqu’il avoue avoir eu peur. Enfin, nous avons quelque chose d’extrêmement intéressant, de l’aveu même du témoin, il semblerait qu’il était l’objet de paralysie du sommeil, un sujet pointilleux et difficilement admis des ufologues qui lui préfère des symptômes d’enlèvement. Nous aurons l’occasion d’y revenir dans un prochain billet.

Il décrit fort bien tout cela : « Je conservais ma conscience, mais je ne pouvais ni bouger un bras, ni un doigt, ni une jambe, ni rien. Pendant quelques secondes quand ça me prenait. Surtout le matin (réveil hypnagogique) à 4 ou 5 heures. »
« Il me semblait que mon esprit était hors de mon corps. Il me semblait que je flottais au-dessus de mon corps ».

La conclusion des enquêteurs de Lumières dans la Nuit : « Cette affaire est susceptible de nombreux rebondissements ». Il m’apparait évident que leurs influences ont joué un rôle important dans ce que va devenir Roger, le contacté de l’Aveyron qui, depuis quelques temps maintenant, fait la tournée des popottes ufologique avec des récits fantastiques et abracadabrantesques. Le monde l’ufologie encourage tout cela. A vouloir du merveilleux on en perd l’essentiel, l’étude des cas et leurs analyses critiques.

Si on en reste là, personne ne peut mettre en doute ces affaires tout comme personne n’a l’obligation d’y croire. D’ailleurs le but n’est pas finalement de savoir si nous devons y croire ou pas mais d’avoir des éléments permettant de valider ou non le récit. Si les TC (Tenants-Croyants) restent sur la croyance, le scepticisme nous oblige à plus de rigueur et à ne jamais fermer la porte. C’est dans cet esprit là qu’ayant connaissance d’un contre -ton je voulais le partager.




(P Seray - mars 2023)

Notes :

(2) – Parisien Libéré (grand format) en date du 06 janvier 1971.

(3) – LDLN site de l’AFU n° 107 à 110.

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