L’ufologie regorge d’historiettes et d’anecdotes croustillantes. Des affirmations lancées çà et là et reprises sans aucune vérification par le monde ufologique des exoticiens. Ces ufologues en mal de preuves pour convaincre les personnes intéressées par le sujet et qui accordent facilement confiance à « l’expert », usent et abusent de l’argument d’autorité. Par exemple, le mot ufologue comporte le suffixe « logue » or ce suffixe sert à former des noms de savants ou de spécialistes des sciences.
Dès lors un public non averti peut croire qu’un ufologue est un expert et l’ufologie une science. Dois-je rappeler qu’il n’y a pas de cursus universitaire ni de diplôme d’état pour s’auto proclamer ufologue ? Dois-je encore rappeler que l’ufologie n’est pas une science et qu’elle devrait se contenter de se pencher sur les témoignages de PAN sans se lancer dans des hypothèses dignes de la science fiction ?
Au lieu de ça, les ufologues exoticiens polluent jour après jour un passionnant domaine qui peut s’étudier à l’aulne des sciences humaines à défaut d’être une science en propre.
Depuis longtemps je dénonce l’effet délétère des ufologues exoticiens sur les témoins d’abord et sur les cas allégués ensuite qui perdent leur substantifique moelle. Il en est ainsi de l’effet d’Oz prôné par des ufologues exoticiens qui prétendent que la perception et la conscience des témoins peuvent être altérées lors de certaines observations. Ainsi, si un témoin narre une bizarrerie dans son observation ou oublie un détail d’importance, ce ne sera pas sa focalisation sur quelque chose qu’il ne reconnait pas qui occultera une partie du contexte, non ! ce sera parce que sa perception et sa conscience ont été altérées ! De même si le témoin a un problème de santé, pathologique ou non, l’ufologue exoticien attribuera cela aux détenteurs de PAN ! Rendez-vous compte de ce que ça peut provoquer chez des témoins persuadés par l’expert ufologue ? Quant aux éléments concrets de l’observation, (mesures) l’expert ufologue exoticien les fait passer au second voire au dernier plan puisque SA preuve de l’existence d’intrusion exogène dans notre atmosphère est l’intervention d’entités dans l’esprit du témoin !
Sans aller jusqu’à ces dégâts irréversibles qui sont, je le reconnais, causés par une frange de l’ufologie, et pour aider les témoins à restituer des informations fiables, il y a l’entretien cognitif adapté aux témoins d’ovnis (ou de PAN). Lorsque l’E.C. est expliqué de façon bien plus exhaustive que dans ce billet à des ufologues exoticiens, certains d’entre eux se rendent compte qu’ils risquent de perdre la foi qu’ils ont en une intervention exogène puisque les anomalies dans le récit s’expliquent classiquement sans faire appel à l’extraordinaire. Ces mêmes experts ufologues refusent de se former comme ils refusent de lire la documentation sur les faux souvenirs etc. En fait, ils s’en fichent des témoins et du mal qu’ils peuvent leur faire pour peu que leurs croyances et leur statut d’expert ufologue soient préservés. Il est extraordinairement (adverbe choisi) invraisemblable qu’à notre époque on laisse encore faire.
Quelques exemples ?
- Dans cette émission, ( indiquée sur le site CNEGU (Projet ICARE initié par JC Leroy - (CNEGU (forumactif.org))
https://www.youtube.com/watch?v=vLmuON70XIY, nous y entendons le réalisateur Alain Guadalpi nous narrer l’histoire de Maurice Masse, témoin de l’affaire dite de Valensole (01/07/1965). Il s’agit de l’apparition d’un objet au sol avec deux humanoïdes dont un prélève des brins de lavande. Des traces seront retrouvées au sol par la suite. Vers ~2’10’’ Guadalpi déclare que la trace au sol n’a jamais été expliquée.
L’aveuglement au contre ton est ici constatable. C’est un refus de ce qui peut atténuer sensiblement le cas qui, dans son ensemble, objet-humanoïdes et traces, forme un tout soit-disant indissociable. C’est également ce qui sera une fois pour toute retenu par les ufologues exoticiens et par ceux qui leur font confiance.
Or, sans vouloir réduire à néant l’affaire en elle-même, avec un peu de curiosité et un désir de comprendre, sans se mettre « la tête à l’envers », il est aisé de s’apercevoir que ses fameuses traces ressemblent parfaitement à un impact de foudre.
Vous trouverez l’ensemble des démarches qui permettent de s’en rendre compte facilement ici :
La trace de marliens à gauche et celle de Valensole en dessous.
(source : https://www.cnes-geipan.fr/sites/default/files/PV%20n%C2%B0445%20%281965309761%29.pdf)
Nous retrouvons ces aspects dans les cas de Charvieu, Mareuil, Lays sur le Doubs par exemple notamment le fameux trou...
Circulent de nombreuses photos montrant, semble-t-il la trace de Valensole quelques temps après. Un regard attentif nous indique que ces clichés montrant une zone herbeuse (ce qui contredit de toute manière les affirmations comme quoi rien de repoussait à l'endroit de la trace), une lecture attentive donc, indique que l'ufologue-écrivain Jimmy Guieu aurait fait, à trois reprises, des prélèvements sur la zone d'atterrissage : " Date des prélèvements : 08 juillet 1989, 19 juillet 1989 et 12 août 1989". Or il s'avère que les échantillons pris in situ concernent un autre site dit d'atterrissage d'une "soucoupe" sur le même plateau.
"Rien ne repousse..." Alors c'est quoi toute l'herbe au milieu ? Arbres bien au loin...
Photo issue du PV de Gendarmerie. Les arbres sont bien plus proche de la trace non ?
Exemple pour une période donnée des impacts de foudre en France. la zone de Valensole est en orange...
Je n’ignore pas que ces ufologues rejetteront encore longtemps l’accointance avec un lieu pourtant bien connu pour ses nombreux « coups de foudre ». Nous pourrions ajouter les dires faux et repris systématiquement sur l’endroit dont les ufologues exoticiens racontent et répètent que rien ne repoussa durant de longues années alors qu’une simple lecture des dires du témoin suffit à corriger. Cette histoire d’un terrain stérile suite à l’apparition d’un engin mystérieux n’existe pas ! Ce qui est comique c’est que tantôt pour un ufologue expert c’est durant 6 mois que rien n’aurait repoussé, tantôt pour un autre c’est pendant 10 ans. Or la vérité est cruelle pour ces experts puisque le témoin Maurice Masse dit n’avoir rien replanté pendant 6 mois, les curieux enlevaient les plans de lavandins dans le secteur de la trace, y compris ceux fraîchement remis en place. Lassé de cette situation, il sema dans la parcelle du blé noir ( bien après cependant) qui a parfaitement donné son rendement et donc empli son office.
Dans un autre cas célèbre nous trouvons aussi des affirmations fallacieuses : Le cas Dewilde, (10/09/1954). Le témoin relata, dans un premier temps, avoir observé un curieux engin posé sur des rails et deux humanoïdes. Les enquêteurs qui s’intéressèrent de près à ce cas ne pouvaient ignorer que la crédibilité du témoin pouvait être sujette à caution mais ils se turent à ce sujet … Volontairement. Par la suite ils en firent un cas phare de la pseudo vague de 1954.
Le rapport de Gendarmerie 259/4 consulté, ne laisse aucun doute sur l’opinion des gendarmes quant à la crédibilité des faits allégués. (Extrait : « Il ne semble pas que l’on puisse accorder grand crédit aux faits que le sieur Dewilde Marius, seul, a raconté ».
M Dewilde montrant les traces sur une des traverses des rails
Photo collection privée Raoul ROBE (Cnegu)
Pourtant des ufologues zélés trouvèrent des traces sur le ballast. Il faut dire que lorsqu’un ufologue exoticien cherche une trace au sol, en général, il trouve… Même la Lune a écrasé de l’herbe puisque dans un cas époustouflant selon le récit du témoin, l’enquêteur se dirigeant dans un champ proche du lieu d’observation trouva une bien belle trace d’herbe couchée… C’était une verse mais pour l’expert ufologue, c’était une trace causée par l’ovni observé. Ce n’était qu’une méprise avec la Lune…
Donc ces fabuleuses pierres effritées du ballast l’auraient été par une pression de trente tonnes ! La personne ayant estimée ce poids n’explique pas comment elle a pu déduire cette pression mais ça n’interpelle pas les aficionados des soucoupes volantes. M. Dewilde alla lui jusqu’à dire par la suite (enregistrement à la clef) que c’est la voie qui s’était affaissée sous le poids de l’engin. Diantre ! Les photos d’époque ne montrant pas cela voilà encore un bien joli mystère soucoupique apte à faire perdurer l’étrangeté du cas. Le chef de voie déclara n'avoir vu que... des coups de burin sur les traverses...
Ensuite M. Dewilde ajouta une foule d’éléments hétéroclites dans son récit dont une boite noire étrange qu’il cacha dans sa cave à charbon… cave que la maison n’avait pas, puis une télévision (1) que la maison ne pouvait recevoir à l’époque et dont aucune mention n’a été faite dans les premières année suivant les faits initiaux. Pour quelqu’un comme M. Dewilde une télévision était horriblement chère (3) à ce moment-là. En outre, sur les photos prises pour montrer les lieux on ne voit aucune antenne … Il enrichit également son récit en incluant une mobylette (2) qui lui aurait servi à se rendre au commissariat d’Onnaing pour y faire part de son aventure. Il n’avait en réalité qu’un vélo. Et qu’en est il de la prétendue visite du professeur Hynek à Quarouble (54), qui serait venu des USA à Lille puis en hélicoptère jusqu’à Quarouble (4) ? J.A. Hynek n’a jamais mis les pieds à Quarouble, n’a jamais rencontré M. Dewilde (courrier le confirmant). M.Dewilde alla même conter aussi à qui voulait l’entendre qu’il avait rencontré Alain Colas, disparu en mer en 1978 dans un autre espace et que ce dernier allait revenir sur Terre. Malgré cela et bien d’autres choses le cas de Quarouble est un cas quasi fondateur des visites d’ufonautes en 1954 en France !
Voir ce reportage ici : https://www.youtube.com/watch?v=dzwO8-ojRRA
Alors certes, comme je le dis à chaque occasion, cela ne veut point dire que M. Dewilde n’a rien observé au départ, mais l’étude objective du cas permet de le prendre avec beaucoup de recul quant à une intervention exogène.
Petit ouvrage portant sur l'affaire de Quarouble (avec un jeu de mot à la clef). Epuisé dés sa sortie. Je compte le ré-éditer avec ajouts complémentaires...
Alors la prochaine fois que l’on viendra avec de bien beaux et grands sabots vous affirmer des choses aussi surprenantes, prenez juste le temps de recouper, de vérifier autant que vous pouvez le faire. S’il y a des ufologues sérieux, certains se trompent de bonne foi, mais d’autres sont sournois, mentent éhontément pour tromper le lecteur. La confiance se mérite si les sources les plus lointaines vous sont données mais là c’est un acte de recherche qu’il convient de faire et non celui de recopier à la façon des moines copistes qui sont légion dans cette pseudo-science.
Je reviendrai avec d’autres petites choses comme ces deux cas là. En attendant je vais encore me prendre la foudre des quelques ufologues extrêmes, rigolos mais pénibles car actifs dans le mauvais sens du mot.
Dans les récits qu’un ufologue vous rapporte la part du rêve est grande, la vérité est souvent moins reluisante…
Ufo l’savoir non ?
(P Seray) 20/07/2022
Notes :
(1) - Pour la télévision, il est facile de comprendre que M. Dewilde ne pouvait pas en posséder une. Son métier de désensableur ne pouvait lui permettre un tel luxe. Les émissions commencent fin 1949 avec un programme (limité à une heure par jour au début) En 1953 un émetteur (Lille-Befroy) fut implanté. C’est le second après Paris. En France, les programmes des stations régionales de la RTF sont diffusés de 19h00 à 20h30 sur l'unique chaîne de télévision. Marius Dewilde déclara initialement que le soir du 10 septembre 1954 il lisait son journal et notamment le naufrage de l’Abeille ! Pour info, en 1940 il n’existe pas plus de 300 postes de télévision en France. En cause le prix (entre 11.500 et 15.500 francs soir ~5000 à 6500 euros de nos jours). En 1954, avec 60.000 appareils pour 42 millions d'habitants. Le prix est donc encore très élevé. En 1956 seulement 500. 000 postes sont entre les mains d’heureux possesseurs français. Il faudra attendre 1958, soit 4 ans après le cas allégué, pour voir le million de postes vendus. (Bien entendu pour faire le rapport avec l’euro il faut le faire en francs constants : exemple : 1,15 F de 1970 valent sensiblement 1,15 euros 2014 d'après le tableau de conversion de l'INSEE qui lui tient compte de l'inflation. Les chiffres ne sont donc qu’indicatif mais reflète parfaitement le coût qu’une partie restreinte de l’élite pouvait mettre pour l’achat d’un téléviseur).
(2)- Pour la mobylette 1954 verra par exemple la Mobymatic, premier engin équipé d’une boite de vitesse automatique avec courroies et poulies extensibles apparaitre. Là encore le prix est très cher en regard des revenus (quand il en avait) de M.Dewilde.
Là encore le prix est exorbitant. Même si Dewilde avait eu la chance d’avoir à sa disposition un cyclomoteur de ce genre et datant d’années antérieures il lui faudrait plus que quelques mois de salaires pour l’acheter. Certains modèles atteignaient la modique somme de 36 400 francs (1952/53) et ce n’était pas les plus chers.
(3)- A savoir que le salaire moyen d’un ouvrier en 1954 était de 121,50 AF de l’heure soit 21 059, 59 AF (pour 173,33 h mensuel – en date du 01/10/1954). En février soit 8 mois avant l’observation, il était de 19 932, 95 AF.
(4)- Page 108 du recueil "Ces OVNI qui nous observent" de la commision Ouranos- un groupement disparut depuis- datant du troisième trimestre 1978. Copie sur demande. On se demande d'où vient l'information...
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