Traduit du néerlandais par Jacques Scornaux, à partir de photocopies d’extraits de deux livres communiquées par Wim Van Utrecht (association ufologique Caelestia, Anvers, Belgique : www.caelestia.be)
3 - Le second rapport de Gendarmerie...
Nous disposons d’un second rapport de la Gendarmerie nationale. Le 3 juillet, les gendarmes, accompagnés du capitaine Valnet, de Digne, se sont en effet rendus à nouveau sur les lieux du désastre. Nous avons pu entendre les souvenirs de Valnet, alors lieutenant-colonel de gendarmerie, lors des émissions déjà évoquées du journaliste vedette Jean-Claude Bourret, qui ont été diffusées quotidiennement du 28 janvier au 21 avril 1974. Valnet, qui ne cite pas Masse lui-même mais laisse libre cours à ses souvenirs, ajoute bien des détails croustillants à son récit. L’ancien commandant avait-il relu le procès-verbal avant de se rendre au studio de Radio-France ? Cite-t-il ce procès-verbal ou fait-il appel à ses souvenirs ? En ce qui concerne toutes les données qui pourraient présenter de l’importance pour établir la véracité du témoignage, nous restons une fois de plus sur notre faim.
L’observation a maintenant eu lieu à six heures et a débuté par un court sifflement. Masse a contourné un monticule de pierres et a vu l’engin en forme de Dauphine posé sur six pieds à une distance de 100 mètres. En longeant une vigne, il s’est approché jusqu’à une dizaine de mètres du lieu d’atterrissage et, oui, il y avait là deux petits êtres accroupis près de l’engin, l’un ayant le dos et l’autre le visage tourné vers Masse. Ils examinaient avec attention un plant de lavande. Quand Masse s’est approché jusqu’à dix mètres, l’un des petits êtres l’a aperçu, a fait un mouvement de la main droite et a introduit un objet dans un étui. A ce moment le témoin a été paralysé. Le colonel nous décrit alors avec précision les ufonautes, comme s’il avait été lui-même sur place. Ils étaient hauts d’un mètre, avec une tête énorme complètement chauve et un trou à la place de la bouche, des yeux normaux sans sourcils. une peau très blanche, pas de menton, une carrure à peine plus large que la tête, laquelle semblait reposer presque sans cou directement sur le corps. Bref, « rien d’anormal », comme Masse l’avait dit en 1965 au reporter d’Europe 1.* Ils portaient une combinaison foncée, avec un petit étui au côté gauche et un plus grand au côté droit. Après avoir paralysé Masse avec un objet en forme de crayon, ils sont restés encore quatre minutes environ à gargouiller et sont alors grimpés avec agilité dans l’engin, en s’aidant d’abord de la main gauche puis de la main droite. Pourquoi « s’aidant » ? Y avait-il une rampe ou quelque chose de ce genre fixé à l’engin ? Les six pieds ont commencé à tourner, un pivot central est sorti du sol et l’aéronef s’est envolé dans la direction du dos des nains, ce que Masse a pu observer car ils étaient assis (?) dans une coupole transparente au dessus du ballon de rugby. Le témoin a pu suivre l’appareil sur trente mètres, puis celui-ci a disparu comme un éclair. Après être resté 20 minutes sur place comme pétrifié, Masse est allé jeter un coup d’œil sur le lieu d’atterrissage et il a constaté que la terre était humide. Les gendarmes ont trouvé sur place dans une cuvette, près des empreintes en forme de croix ( voir ajout 03), un trou cylindrique de 18 centimètres de diamètre et de 40 cm de profondeur. Mais nous connaissons déjà cette profondeur par le premier rapport de gendarmerie. Nous sommes bien contents de savoir maintenant que le diamètre était de 18 cm. Pour conclure, Jean-Claude Bourret a interrogé Valnet sur la confiance qu’il avait en Masse. « Je crois ce que le témoin m’a confié » a répondu d’une voix ferme le gendarme promu.
A partir des témoignages des gendarmes et des versions de Masse, le lecteur peut fructueusement jouer à une variante du « jeu des 7 erreurs dans le dessin », qui a été populaire dans les publications pour la jeunesse, où le mot « erreur » serait naturellement remplacé par « contradiction ». Je ne m’étendrai pas davantage sur la crédibilité des gendarmes. L’année dernière en Belgique, nous avons appris à nous interroger sérieusement sur la fiabilité de ces personnes.
Venons-en au troisième rang : les tranchées des ufologues. Le premier « ufologue » qui est venu sur place est maître Chautard, un magistrat qui, jusqu’à son interview par Jean-Claude Bourret en 1974, était connu comme « G.C. » dans les publications ufologiques. Il s’est rendu à Valensole les 6, 9, 10 et 26 septembre 1965 et s’est entretenu non seulement avec Masse et sa famille, mais aussi avec les gendarmes Aziaz et Santoni de Valensole, avec le commandant Valnet de la brigade de gendarmerie des Alpes de Haute-Provence, que nous connaissons déjà et qui a interrogé le témoin lui-même, avec M. Richaud, maire de Valensole, et avec les fonctionnaires municipaux Mme Tardieu et M. Ciapello. Il a rencontré aussi M. Gourjon, curé de Valensole, et il a eu une conversation des plus intéressante avec M. Moison, propriétaire du Café des Sports, qui est le premier à avoir recueilli le récit de Masse. En dehors de Valensole, maître Chautard s’est aussi entretenu avec un technicien de l’observatoire de Haute-Provence, qui est proche. « Tous ont souligné la crédibilité de Masse. C’est un homme sobre, équilibré et réfléchi ».
M. Masse et les enquêteurs sur le terrain. Le sol est vitrifié ; les plants de lavande calcinés et radioactifs. Il s’était passé « quelque chose ». (Photo exclusive Victor Nathan)
Etant donné que le rapport de la gendarmerie a été tenu secret comme s’il s’agissait d’une affaire d’espionnage, le récit le plus intéressant datant de ces jours est celui de Chautard. Il est paru dans le numéro de septembre (1965) du bulletin ufologique Phénomènes Spatiaux, alors encore stencilé. publié par le cercle ufologique français GEPA (Groupement d’Etudes des Phénomènes Aériens et Objets spatiaux insolites). De là le récit s’est introduit dans le numéro de novembre-décembre (1965) de la Flying Saucer Review et a commencé sa marche triomphale dans le petit monde de l’ufologie. La publication ufologique américaine alors influente The APRO Bulletin lui a fait franchir l’Atlantique dès août 1965 et y est revenu de manière plus détaillée dans son numéro de septembre-octobre.
Les propos de Chautard nous apprennent-ils quelque chose de nouveau ? Nous devons d’abord mettre en lumière une extravagance journalistique. Dans le récit de Chautard de 1965, qui n’a touché par l’intermédiaire des bulletins ufologiques que quelques centaines d’abonnés et a donc eu un caractère très confidentiel, on parle de Masse à la troisième personne : « il (Masse) a fait ceci et cela et il a vu ceci et cela ». Or nous avons pu entendre raconter littéralement le même récit, mot pour mot, à trois reprises, au cours du marathon radio de Jean-Claude Bourret en 1974. Mais à ce moment, sous le titre Récit de Masse, il était transposé à la première personne, et résonnait comme « j’ai fait ceci et cela et j’ai vu ceci et cela ». Le document ainsi servi et inséré dans l’ensemble des interviews, acquiert une tout autre valeur, car on l’a transformé par magie de source secondaire en source primaire, sans que Jean-Claude Bourret en donne une quelconque justification et sans que nous sachions pourquoi et par qui le texte a été réécrit.
Dans la version à la première personne de 1974, on ne relève que deux changements : en 1965, Masse a vu l’ovni à une distance de 80 mètres, en 1974 de 90 mètres ; en 1965 il se trouvait à 5 à 6 mètres des petits êtres, en 1974 à 6 à 8 mètres ! Cette tricherie sur les textes dégage une odeur de soufre, est déontologiquement inadmissible et est manifestement considérée comme normale en ufologie.
Maintenant, lisons enfin ce que Maurice Masse a raconté au magistrat Chautard. Pour la commodité du lecteur, je vais garder la version mise à la première personne de 1974. Nous sommes ainsi plus proches du texte authentique. Un ufologue français éminent à réussi récemment à me convaincre que le récit original de Chautard était rédigé à la première personne. Pour des raisons inexplicables, il a été mis à la troisième personne par le bulletin ufologique français GESAG (de Chautard ?). A ce stade, cela devient peut-être quelque peu embrouillé pour le lecteur, mais je ne peux pas lui dissimuler ces éléments. Cette version de la source secondaire pourrait donc être en réalité une version de la source primaire…
« Le 1er juillet 1965, je me trouvais vers 5 h 30 dans mon champ de lavande, près de la route d’Oraison au nord de Valensole. Je n’avais pas encore mis en marche mon tracteur, qui se trouvait derrière un monticule de pierraille. J’allumais une cigarette quand soudain j’ai entendu un sifflement dont je ne pouvais pas situer l’origine. J’ai fait le tour du tas de pierraille et j’ai vu à 90 mètres de moi un objet de forme bizarre posé dans mon champ. J’ai d’abord pensé à un hélicoptère mais me suis rapidement rendu compte que ce ne pouvait pas en être un. J’avais déjà vu souvent des hélicoptères de l’armée qui, en difficulté ou non, atterrissaient dans mon champ. J’avais l’habitude d’aller bavarder un peu avec les pilotes. Mais cet engin ressemblait plutôt à un ballon de rugby ; grand comme une Dauphine, il reposait sur six béquilles, avec une coupole au dessus. Qu’est-ce que ça pouvait être ? Peut-être un engin expérimental ? J’ai marché d’un pas tranquille vers la chose à travers les jeunes plants de lavande. Je n’avais rien dans les mains. J’ai vu tout près de l’engin deux petits êtres d’apparence humaine qui étaient penchés sur un plant de lavande.* Sans crainte, je suis allé vers eux afin d’ entrer en contact. Je me suis approché jusqu’à six ou sept mètres de ces étranges visiteurs avant qu’ils me remarquent. Ils se sont redressés et l’un d’eux a braqué un tube sur moi, une sorte de « pistolet ». J’ai été immédiatement figé sur place, au point que je ne pouvais plus faire un seul mouvement. Mais je pouvais voir ce qui se passait. J’ai eu tout le temps d’examiner attentivement les deux petits hommes, avec leur corps d’enfant de huit ans et leur énorme tête, trois fois plus grande qu’une tête humaine normale. J’ai remarqué qu’ils n’avaient pas le moindre cheveu* et que leur peau était blanche et souple comme celle d’un bébé, du moins la peau de la tête, car le reste du corps était couvert par une combinaison grise assez sombre. Pour ce qui concerne le reste de la tête, son aspect et ses dimensions, les caractéristiques sont à peu près semblables à celles de l’homme. à l’exception de la bouche, dépourvue de lèvres et ressemblant à un trou. Les deux petits êtres parlaient entre eux à l’aide de sons inarticulés qui ne semblaient pas produits par le trou qui leur servait de bouche. Ils me regardaient d’un air amusé. Leur regard n’était cependant pas méchant, loin de là. L’ensemble de leur apparence ne me donnait pas l’impression de me trouver en face de monstres. Après quelques instants, les deux visiteurs sont retournés avec une agilité remarquable vers leur appareil, où ils sont entrés par une porte coulissante. La chose s’est alors envolée en direction de l’ouest selon un angle d’environ 45° à une vitesse extraordinaire, l’engin émettant un bruit semblable à celui de l’arrivée, sans laisser de traînée. J’ai pensé que je pourrais enfin disposer à nouveau de mes facultés, mais je suis encore resté un quart d’heure immobilisé avant que je retrouve progressivement l’usage de mes membres. »
Le lecteur aura remarqué toutes les contradictions avec les versions antérieures. On pourrait à nouveau pratiquer le « jeu des sept erreurs ». Masse semble avoir, après deux mois, coloré son récit de tout ce qui ce qui est plus « extraterrestre ». Peut-être a-t-il lu toutes les absurdités qui étaient parues entretemps sur son observation et s’est-il confectionné sur mesure le plus beau costume à partir de tous ces éléments.
Image d'illustration...
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