Je rédige ces quelques lignes puisque l'actualité m'oblige à le faire. Sur la page facebook d'Ufo-Scepticisme, un interlocuteur nous reproche d'avoir volontairement légitimé les résultats d'un travail d'IPACO afin de satisfaire nos certitudes.
S'il a le droit de le penser, notre honnêteté est mise en défaut ici. Non seulement c'est à ce personnage de prouver ses dires mais il se doit de reprendre les calculs qui montrent à l'évidence que Frégnale, le temoin d'alors, n'a pas fait erreur dans son témoignage. En effet IPACO, redoutable et redouté des TC ou exoticiens (non péjoratif ici) montre que l'objet photographié est proche du témoin , de petite taille (10/15 cm) et n'a pas volé en trajectoire rectiligne mais courbe. D'où l'idée d'un objet propulsé d'un même endroit et suivant la même courbe comme... un pigeon d'argile.
Résumé : En 1952 André Fregnale se promène dans la région du Lac Chauvet (Puy de Dome). On ignore si Monsieur Fregnale était là pour faire de la photographie, de la géologie, les deux, ou une autre activité car il cumulait divers intérêts dans des domaines variés. Il expliqua avoir observé un engin se déplaçant dans le ciel dont il prit 4 clichés. Ces photos sont devenues célèbres grâce à Aimé MICHEL qui les a sorties de l'oubli en les publiant dans son ouvrage « Mystérieux Objets Célestes ».
Ce cas alimente toujours la liste des cas dits « béton » d’exoticiens, sans que ces derniers soient conscients que rien ne vient formellement prouver que les quatre clichés aient été réellement pris en enfilade. En effet il était aisé à cette époque de refaire un négatif ou une série de négatifs, surtout en disposant d'un laboratoire amateur pour développer ses photos.
Imaginons maintenant qu'une idée saugrenue vienne à l'esprit d'un sceptique, que l’artefact puisse être quelque chose du genre pigeon d'argile, et vous aurez, si toutefois vous suivez jusqu'au bout cette piste, toute la frange ufophile sur le dos avec une succession de mots plus ou moins déplaisants en guise d'arguments.
C'est ce qui arriva aux membres de la petite équipe qui osa vérifier en 2015 cette hypothèse (et d'autres au passage).
Les commentaires allèrent bon train, comme par exemple qu’il était inutile d’aller vérifier sur les lieux. Cette « pertinente » remarque vient d’un personnage se revendiquant sceptique, mais en mieux ! Un membre du groupe avait pris sur ses deniers et était parvenu à acheter le même appareil photo que le témoin et des clichés furent réalisés pour comparaison. On a pu aussi déterminer avec précision l’endroit où se trouvait Monsieur Fregnale à ~1m près.
Un rapport fut publié et soumis à critiques. L'annonce fut celle-ci :
« Un nouveau rapport d’analyse original est venu enrichir la galerie IFOCAT*. Ce rapport concerne un jeu de photographies très ancien, connu et controversé, qui constitue l’élément essentiel du "Cas du lac Chauvet".*
Le travail sur ce dossier a impliqué toute l’équipe IPACO pendant plus d’un an. Il a mis en jeu une collaboration étroite avec une équipe d’enquêteurs chevronnés qui, avec IPACO et en partenariat avec la Commission Sigma2 de la Société 3AF, ont mené une reconstitution sur site du cas en juillet 2015.
Le cas du Lac Chauvet (1952) figure maintenant dans la galerie IFOCAT.
Un des clichés du Lac Chauvet.
Attention ce cliché est une reconstitution !
D’autres réactions furent parfois violentes, jugez sur pièce avec ces morceaux choisis :
Le rapport IPACO conclut à un objet de petite taille et proche de l’objectif. Ce qui sera retenu pour les contradicteurs ne fut pas le fait qu’il puisse s’agir d’un objet de petite taille (après tout un engin exotique d’une race lilliputienne cela n’a rien de surprenant lorsque l’on évoque des «ET») mais l’hypothèse du pigeon d’argile fut ressentie comme une insulte vis-à-vis de Monsieur Fregnale. C’est une quasi constante chez certains ufologues que d’accuser les sceptiques de vouloir jeter le discrédit sur un témoin lorsqu’ils émettent l’hypothèse d’une explication ordinaire.
Prenons un autre exemple, celui du cas de Mc Minville (USA), célèbre cas photographique là encore. Lorsque je commis un texte mettant en scène l’hypothèse d’un rétroviseur suspendu à un fil ou de fils à linge situé(s) au-dessus de l’objet, je n’eus que quolibets en guise de critiques de la part d’exoticiens. Lorsque, grâce à IPACO, il fut détecté des fils suspendant un objet de type maquette, les mêmes poncifs furent émis : « On ridiculise les témoins…. Facile ils sont morts » etc…
En quoi cet état funeste doit nous dédouaner d’expertiser un cas à l’aide d’outils aujourd’hui disponibles ?
Pourtant, Claude POHER (initiateur du GEPAN) avait lui aussi conclu bien avant IPACO ou moi, à la présence probable d’une maquette suspendue à un fil ! J’ignorais cette étude lorsque j’engageai la mienne…
Deux poids, deux mesures qui s’expliquent assez bien : d’abord, comme nous l’avons vu plus haut, il y a les cas auxquels des ufologues sont affectivement attachés, les fameux cas fétiches. Puis, il y a la notoriété de ceux qui ont étudié le cas et en ont conclu qu’il s’agissait d’un phénomène extraordinaire. Monsieur Poher, par exemple, fut et est peut-être toujours un fervent défenseur de l'extraordinaire pour le cas de Cussac. Son avis ne souffre d’aucune contestation, sinon des ufologues déplacent les études contradictoires sur l’affect, prétendant qu’il y a un manque de respect à émettre des réserves sur ses travaux. Ceux de Messieurs Guérin et Meessenne peuvent être mis en cause sauf que, peu importe le nom de l’enquêteur ou du contre-enquêteur, ce qui devrait compter c’est le travail fourni, la démonstration en contre ton.
Pourtant, même si un cas mythique tombe, compte tenu du nombre d’autres cas, il n’y a pas de quoi se mettre dans des états inconcevables de colère. Mais il est vrai qu’en France des cas comme Cussac, Valensole ou Trans-en-Provence sont des murs porteurs pour la croyance aux ovnis en tant que vaisseaux spatiaux aliènes.
Un exemple ? Sous le logo de l’association ufologique privée des Etats Unis, section France, il est indiqué : « based in Valensole since 2017 ». Cette précision n’a aucune valeur pour étayer le cas connu du même nom mais montre à quel point y faire référence est d’importance ! Là encore, on ne peut que constater que l’aspect commercial du phénomène ovni est bien présent. Le journal « le Dauphiné Libéré » ne titra-t-il pas : « Valensole, capitale des ovnis et les ufologues »? C’était en 2018, lors de la 3ème édition des rencontres ufologiques dont les leaders principaux sont Monsieur Chaspoul, très investi dans la vie de la Commune au niveau festif et ayant connu Monsieur Masse, le témoin, ainsi que Le Directeur de l’association ufologique américaine, section France (celle qui est « based in Valensole since 2017 »).
Quand on sait que ce dernier n’est pas intervenu alors qu’il participait à une émission de BTLV en février 2019, lorsqu’ il fut affirmé que rien ne repoussa pendant 10 ans là où le témoin déclara avoir vu l’atterrissage d’un PAN, on est en droit de s’interroger sur les connaissances réelles du sieur concernant ce cas. En effet, les enquêteurs qui se sont succédés sur le site et ont investigué sérieusement savent que Monsieur Masse y avait planté une autre culture dans les mois suivant les faits allégués. La raison de ce changement ? Il en avait assez des « touristes » et des ufologues qui lui déterraient régulièrement et vaillamment des pieds de sa culture.
Bref, il est clair pour moi que le commerce sur l’ovni de Valensole ne se limite plus à prendre un verre au bar des sports en demandant à voir le dossier bleu qui était derrière le comptoir. Le commerce dédié a pris de l’ampleur et le pas sur le cas lui-même. La fin de l’article du Dauphiné Libéré le confirme puisqu’il concerne les tarifs et une adresse mail pour les réservations. On apprend enfin que le responsable de l’Association co-organisatrice dont j’ai parlé plus haut ouvrira le programme.
Cliché G Munsch
Cette piètre reconstitution n’a que le mérite de l’investissement de ceux qui ont fabriqué et monté cette « soucoupe », avec courage et foi.
Des pieds de la culture ont été endommagés, ce qui a agacé des locaux, mais pour faire venir du monde, il faut ce qu’il faut ! (humour) D’ailleurs, le responsable associatif assume le principe :
Concernant ce cas phare de l’ufologie française et même au-delà, il existe une étude passionnante, à mon avis, qui mériterait d’être plus connue qu’elle ne l’est. En effet, je ne la vois pas souvent en référence, ni sur internet ni dans les livres dédiés. **
Je termine ici, beaucoup reste à dire. L'essentiel n'est jamais retenu lorsqu'une parole s'exprime. Les écrits restent et c'est par ironie, l'essentiel...
Ufo l'Savoir non
(Ecrit jadis 2020 - remanié en juin 2023 - P Seray)
*Disponible en lecture libre ici :
** Publications de l'Ufologue flamand Julien Weverbergh sur Valensole. Ce sera l'objet du prochain billet dans 15 jours... (Part 01)
Note importante : Dans l'hypothèse d'un pigeon d'argile : Journal Les Actualités Françaises : émission du 13 juillet 1960 | INA.
Il existait des appareils privé portatif , cela ne prouve pas qu'il s'agit d'un pigeon d'argile , mais que c'était largement faisable avec un complice (ce qui explique que Frégnale ne parle pas de coup de fusil - remarque faite au passage par un TC Michel Frng qui n'a pas lu ce billet ni l'étude IPACO)...
https://uap-anomalie.com/photos-du-lac-chauvet-suite/
Bonjour, voici un léger contre ton sur vos affirmations. Oserez vous les laisser en lecture ?
Antony S.