Il n’est peut-être pas utile d’insister sur ce que les ufologues nomment des « effets annexes ou secondaires » qui se seraient produits à la suite d’une observation. Maux de têtes, moteurs, montres, appareils photo qui tombent en panne, et d’autres « symptômes » dont la corrélation est attribuée à l’ovni observé. Or, pour prouver un lien de relation, il est nécessaire d’avoir une probabilité suffisante de causalité, d’un faisceau d’indices graves, précis et concordants. Comment peut-on considérer qu’un vaisseau spatial ou son image peut être la cause de ces problèmes ? Vous conviendrez certainement comme moi que rapprocher deux choses distinctes est assez hasardeux pour établir une telle hypothèse. Ces incidents peuvent en effet se produire en dehors de toute observation insolite.
J’aimerais donc juste appeler à une plus grande prudence déductive en trois exemples, facilement vérifiables. Ces trois exemples, je les ai trouvés dans une K7 vidéo, mots d’un autre âge, désignant une petite boite dans laquelle se trouve un film.
Ma source s’intitule « OVNI en France », publiée dans le cadre « des Portes du Futur », en 1994. Feu Jimmy Guieu, dans ce n° 14, nous présente trois cas qu’il trouve étranges, pour le moins.
Le premier est celui de cette famille près de Tronville en Barrois, qui observa un engin au sol avec trois êtres à l’intérieur. (10’)
Le second est celui d’un jeune, Olivier qui, avec son frère, observent au-dessus de Marseille un objet en forme de goutte d’eau se déplaçant à une vitesse foudroyante (à 23’).
Et le troisième le témoignage d’une personne se trouvant avec un groupe dans un parc en plein Paris qui vit, stupéfaite, un « petit gris » près d’un banc l’observant fixement. Elle fut la seule à voir ce personnage qui fut dessiné ainsi. (34’)
Ces trois témoignages furent reliés entre eux pour démontrer des « effets indésirables » dits aussi « annexes » en Ufologie. Lorsque l’on cherche des corrélations on les trouve ! Tout d’abord ce furent les maux de tête que chacun des trois protagonistes disent avoir subis suite à leur observation. Puis l’impression d’être « surveillés », que quelqu’un les observe (le témoin de Paris insista sur l’impression d’être suivie). Jimmy Guieu conclut « qu’il n’y a rien de surprenant », tout comme les saignements de nez que narre Olivier le témoin de la goutte d’eau de Marseille (en sus des maux de tête et l’impression d’être surveillé) et que cela provient certainement d’un implant. Bref, la relation OVNI / effets annexes est évidente… dit-il !
En soit trois témoignages décrivant des symptômes quasi identiques, des impressions dans la même veine, témoins ne se connaissant pas qui plus est. C’est en apparence troublant et Jimmy Guieu à ce droit de se questionner. Le problème est qu’une filiation entre l’observation, attribuée à quelque chose d’exogène, et ses symptômes, est vite faite en dépit des vérifications, voire les réfutations d’hypothèses qu’ordinairement un ufologue devrait faire s’il avait une démarche scientifique. Mais les mots « ufologues » et « sciences » sont parfois antinomiques.
A l’écoute des témoignages, en observant les lieux aussi, l’origine prosaïque quasi certaine des observations relatées m’apparaît assez aisée en vertu du rasoir d’Ockham d’une part et de l’ouverture de ses dossiers par le CNEGU. La forme de goutte d’eau observée par Olivier et son frère impliquant une vitesse extrêmement rapide, et donc une vision fugace, s’explique, par exemple, par un bolide. A cette époque du début des années 90 j’ai en archive plusieurs cas recensés de beaux bolides dans le même secteur, la même année.
(Les perséides sont fort proches de la date d’observation. La comète Swift-Tuttle ayant laissé un ruban de météorites à travers de laquelle la Terre est passée lors de l’été 1993 – Ce ruban n’a jamais été aussi dense que cette année-là !)
Le second cas, fortement médiatisé a fait l’objet d’enquête et de vérifications de la part du CNEGU (rapport non encore publié hélas à ce jour sur leur site tant la masse de documents et l’historique sont lourds à synthétiser). Les informations recueillies mettent en évidence une méprise avec un véhicule stationnant phares allumés. Les êtres n’étaient que le chauffeur et … deux appuie-tête ! J’ai pu voir le dossier de l’enquête fouillée, comme je n’en ai pas vu beaucoup d’autres à ce jour. La méprise ne fait aucun doute.
Enfin le troisième cas est causé par une paréidolie qu’une personne certainement fragile/fatiguée eue à ce moment-là. Nous ne pouvons exclure une forte attente non plus. Les autres membres du groupe qu’elle guidait dans Paris n’ont rien remarqué. En lieu et place de « petit gris » il s’agissait de l’entourage de spots situés juste derrière un banc de square. Chacun peut vérifier en visionnant l’extrait en question.
Jimmy Guieu parle d’effets annexes que le phénomène induit, hypothèse présentée de façon très affirmative est reprise par des ufologues récents, avec d’autres termes comme l’effet d’Oz , mélangeant une intrusion dans la conscience. Dans les exemples ci-dessus, nous avons une belle brochette de méprises.
Alors la prochaine fois que vous lirez, sous la plume d’un ufologue, n’importe lequel, que le phénomène provoque des effets indésirables, des pannes de moteur ou que sais-je, restez prudents avant de l’admettre et permettez moi de vous demander de vérifier d’abord si une explication prosaïque n’existe pas. Il en va de même avec l’effet d’Oz. Pour les ufologues exoticiens, l’effet d’Oz sont des modifications que crée un ovni à l’environnement du témoin. L’effet d’Oz pourtant peut s’expliquer par la résultante d’une sidération lors de l’observation d’un phénomène non reconnu, empêchant l’observateur de réagir de façon habituelle et/ou encore d’une apophénie qui est une altération de la perception qui conduit un individu à attribuer un sens particulier à des évènements banals, en établissant des rapports non motivés entre les choses. Tout lui paraît avoir été préparé pour lui : pour tester s’il remarque ces bizarreries.
(Source Wikipedia). La Menace Théoriste détaille ce processus avec forces détails et exemples dont le phénomène ovni fait partie : https://menace-theoriste.fr/apophenie-illusions-de-perception/
Il semblerait que l’apophénie ne soit pas connue de certains ufologues dont un enquêteur de la région de Metz, qui est parvenu à imposer dans l’esprit d’un témoin que ce dernier avait subi l’effet d’Oz. (C’est Jenny Randle qui qualifia ,le premier, d’effet d’Oz les modifications que crée un OVNI à l’environnement du témoin – cette définition est un peu abrupte). Dans ce cas précis, le témoin semble avoir plaisir à intégrer cette pseudo vérité qui fait de lui une personne à part.
Ajoutons afin d’être précis que l’apophénie fonctionne dans les deux sens, chercher à voir ce que l’on veut croire mais aussi ne pas voir ce que l’on ne veut pas voir. Ici c’est la première définition qui prévaut jusqu’à preuve du contraire. Conclusion : méprises, sidération, apophénie, paréidolie expliquent bien mieux certains ressenti (réels) qu’une hypothèse exotique.
UFO l’Savoir non ?
(Francine Cordier-Seray et P Seray)
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