Cas archi connu… ? Du moins c’est ce que l’on croit. Le témoin, malicieux dans la vie, a-t-il dit toute la vérité ? Cette question, reste et demeure en suspens.
Le 1/7/65, au lieu-dit « Olivol » à 2 km au nord-ouest de Valensole (Basses-Alpes), Mr Maurice Masse, 41 ans, cultivateur, déclare avoir vu un engin de type « Soucoupe volante » de la grosseur d'une Dauphine avec deux passagers. Un individu, taille 1 m environ, de forte corpulence, vêtu d'une combinaison, tête nue, serait descendu de l'engin quelques instants. Puis l'engin aurait disparu subitement à la vitesse d'un éclair. Déclaration faite à la gendarmerie le 2/7/65 à 20 heures
Sur place, le Capitaine [Valnet] a constaté des traces pouvant éventuellement correspondre à la pose effective d'un engin. » Cet engin avait la forme d'un ballon de rugby et la taille d'une dauphine avec une porte à glissière sur le côté et un dessus en matière transparente » (source PV de Gendarmerie)
Cette affaire sera l’une des plus médiatisée de l’ère « soucoupe » en France. Chacun y allant de sa version par la suite. Et Que n’avons-nous pas lu !
« Ce premier juillet, Julien se rendit sur sa parcelle pour y biner quelques plants de lavande. « Fais un peu sec et chaud, je vais dormir un bien » se dit-il…
Julien entendit un faible sifflement qu’il prit pour le survol d’un hélicoptère…
« Je ne vois rien ».
Alors il se dirige vers l’endroit, c’est-à-dire, derrière une petite colline située derrière le champ de lavande… un engin en forme de ballon de rugby, posé au milieu d’un champ en friche…
Il regarda le champ et vit que la végétation était brulée sur plus de 150 mètres dans le sens de la trajectoire…
La terre labourée, devient dure comme de la pierre, à un tel point qu’il faudra la casser à coups de pioches pour en prélever des échantillons…
Deux ans plus tard, un enquêteur LDLN recevait la visite d’un géologue travaillant pour le compte de l’Etat… Tout avait été modifié sur un rayon de cinquante mètres… y compris la pesanteur »
Je stoppe là les extraits de cet article on ne peut plus éloigné des faits et que publia un magasine BD pour adolescents !
Dans le quotidien « Le Méridional » en date du 09 janvier 1982, le journaliste C. Maréchal aura la chance de pouvoir approcher M. Masse. Rapidement ensuite, M. Masse refusa très souvent toute publicité, agacé au plus haut point par de bizarres personnes s’interrogeant et l’interrogeant sur cette affaire. Il faut dire également que les premiers temps après son témoignage initial furent pénibles pour lui, notamment avec ces hordes de curieux piétinant son champ de lavandin, emportant avec eux un peu de terre, au point qu’à l’emplacement des traces supposées ne subsistait plus qu’un trou ovale de dimensions conséquentes. M Masse fut accusé de mensonges, bafoué parfois, ridiculisé. Il fut alors dans l’obligation d’un exil pour dépression nerveuse. Dans les mois qui suivirent, lassé de voir nombre de pieds de lavandin prélevées en guise de souvenir, il planta du blé !
Son histoire, dit-il, fut déformée, arrangée. Il expliqua alors :
- Q : Les extraterrestres ils sont comment ?
- R : Comme vous et moi, mais beaucoup plus petits.
- Q : Quel est leur langage ?
- R : La transmission de pensée.
- Q : Vous n’avez pas eu peur ?
- R : Ma foi, j’ai chassé le sanglier pendant 37 ans, j’ai fait la guerre, un jour je suis tombé dans le Verdon, sans savoir nager. Il ne pouvait rien m’arriver de pire !
- Q : Dans votre champ vous avez replanté de la lavande ?
- R : Pendant 6 mois, rien du tout, et puis j’y ai mis du blé. Il pousse bien.
Note : La vérité est plus simple : M Masse ayant eu marre que des gens lui volait ses plants de lavandins pour avoir un souvenir de l’endroit où fut observé la « soucoupe », il décida simplement de ne plus rien mettre. Constatant l’absence de lavandin, les ufologues toujours soucieux pour faire des interprétations et conclure à quelque chose de mystérieux… la légende resta et reste encore…
D’un coup, note le journaliste, il s’anime : « Vous savez, ils ne sont pas méchants, dites le bien ça ! Et il ajoute : « Dans la nuit, on ne peut pas distinguer la forme de leurs engins. Ca fait plein de lumières de couleurs différentes. C’est magnifique ».
Nous n’en saurons pas plus. Il est évident que le témoin aime jouer avec les gens lorsque l’envie lui en prend, nous allons le voir plus loin et il n’est pas le seul d’ailleurs. Nombreux sont ceux qui, au village, s’amusent des curieux, encore de nos jours. Nous en avons fait le constat, moi et d’autres enquêteurs. Le jeu consiste à envoyer sur de fausses pistes ici ou la, ceux qui cherchent l’emplacement exact de «l’atterrissage ».
D’autres affirmations nous ont été faites : « Les traces ? Vous les trouverez encore visibles à tel endroit. Des plants brulés, car, c’est évident, ça repousse encore mal depuis l’atterrissage du 1 er juillet 65 ! »
La photo ci-contre n’est pas de Valensole mais montre combien ce type de « brulure » est fréquent sur la lavande !
Et pourtant ! Maurice Masse confirme bien ne rien avoir planté durant 6 mois puis avoir mis du blé qui a bien repoussé ! La stérilisation du terrain est donc bien hypothétique et surtout ne durera pas deux ans comme l’indique certains articles et encore moins 8 ou 10 ans comme récemment le déclara M Chaspoul (son ami) dans un article du Méridional en 2007.
Une autre « information », véritable scoop, figure dans le Journal Nostra en date du 13 avril 1972, n° 1 !
Ce papier nous raconte que M. Masse était furieux ! Il avait beau remonter sa montre, la secouer, la placer debout ou couchée, elle marchait quelques secondes puis, plus rien ! Dans la littérature ufologique ce même fait est mainte fois mentionné. Pourquoi M. Masse, suite à sa rencontre si extraordinaire, échapperait-il à un « détail » aussi important aux yeux de ceux qui n’ont aucun doute sur la réalité et la répétitivité de faits étranges ?
Son horloger n’y pouvait rien parait-il. Sa montre resterait en panne. L’article mentionne également que cela durait depuis douze ans ! Très exactement depuis la découverte de cet engin dans son champ. Pire ! Non seulement la montre qu’il portait n’avait plus fonctionné mais toutes les suivantes en avaient fait autant !
L’explication donnée est toute aussi extraordinaire, puisque le journaliste affirme que cela est du à une très légère radioactivité du corps de M. Masse et que rien ne pourra y remédier ! N’oubliez pas d’enlever votre montre si vous passez une radiographie ! Sinon adieu vos montres et pour être à l’heure …
Aucun ufologue n’a plus parlé de cela et aucun n’en reparlera par la suite, encore moins M Masse … Et pourtant, l’article de presse montre M. Masse et…sa montre. Joueur vous dis-je (et déjà en 1972…)
Continuons notre petit tour d’horizon sur ce qui est affirmé sur le cas de Valensole.
En juin 1976, Hervé Laronde (« La revue des Soucoupes volantes » n° 4 p 26) a réussi lui aussi l’ « exploit » de rencontrer M. Masse.
Les premiers dires de ce témoin hors normes sont les suivants :
« …sont tous « fadas » ces chasseurs de soucoupes. Ils pensent que c’est un peu de lavande qui leur apportera la réponse ! … J’en ai même surpris un encore le mois dernier qui fouinait. Il m’a expliqué qu’il cherchait des « morceaux d’ovni »…alors je lui ai dit qu’il aurait plus de chance en creusant dans le champ du voisin… ».
Nous reviendrons plus loin sur cette petite phrase en apparence si anodine.
A ce moment Masse part d’un fou rire, accompagné par son voisin, agriculteur lui aussi.
Des OVNI, son ami et lui en ont vu des dizaines ! De jour comme de nuit, posés ou en vol. C’est ce que nous apprend H. Laronde dans ce petit article fort instructif.
M. Masse poursuit alors : « Une véritable vaisselle, et ceci en moyenne une fois par semaine depuis dix ans ! »
« Vous pensez bien que tout ce qui a été dit et écrit c’est plus ou moins exact. A commencer par les gendarmes, qui sont bien braves mais qui m'ont ennuyé pendant des mois, et puis tous ce gens venus de partout ! »
Tout cela suscite de la part des voisins de table (entretien fait au bar fréquenté par M. Masse) des sourires complices, un peu comme s’ils étaient dans « le bain » note notre narrateur.
« Pour avoir la paix, poursuit M Masse, j’ai raconté…ce que vous savez, mais sans plus : et puis j’ai dormi… bien dormi. Car sans cela j’aurais certainement perdu la boule, comme les autres ! … Mais je n’ai pas parlé… »
Aveux en passe d’être révélés ? L’hésitation : « J’ai raconté…» puis après un court instant de silence, « Ce que vous savez » méritait une demande de précisions. M Laronde ne sauta pas sur l’occasion, dommage. Ce même intervieweur, se rendit ensuite à l’emplacement des traces. Là, M. Masse qui s’y trouvait également, l’accueillit avec une mine méfiante et resta distant. J’avais aussi constaté cela : lorsque que Masse était seul il semblait sur ses gardes et distant alors qu’au bar il était nettement plus abordable, très blagueur, locace en faisant beaucoup de sous-entendus.
M. Masse affirma à son interlocuteur que ce qu’il y avait à dire avait déjà été dit. Qu’il n’y avait donc rien à ajouter, qu’il ne savait rien de plus. Ce qui est en parfaite contradiction avec les fameux sous-entendus du bar !
Il ajouta toutefois, à propos d’une photo d’Ovni que lui montra l’auteur de l’article qu’il n’était pas possible de réaliser une photo de jour (« Je mets au défi quiconque de réaliser une photo de soucoupe en vol et de jour… » et conclut en affirmant : « de nuit, je ne dis pas… ».
Il parlera ensuite de contactés, qu’il n’était pas le seul surtout dans sa région, que ce qu’il a vécu réellement était fantastique, qu’il y aurait des livres entiers à faire, mais qu’il gardait cela pour lui, que même sa femme n’était pas au courant de tout…
Tout cela montre bien un personnage atypique. Aimant particulièrement jouer avec les autres, blagueur devant « son » public, mais gêné parfois, surtout lorsqu’il n’avait qu’un interlocuteur). Il donne aussi une impression de connaitre fort bien le sujet, bien plus qu’un ufologue chevronné, alors qu’il affirme n’avoir pas lu les nombreux livres ou revues qu’il recevait pourtant régulièrement.
Pour en revenir précisément aux traces, dans « Ovni Trente ans de silence » L’autre Monde HS n° 1, page 49, nous pouvons lire :
« Sur le terrain, les gendarmes, que dirige le capitaine, commandant la gendarmerie de Digne, relèvent un certain nombre de traces, bien que les lieux aient déjà été piétinés par de nombreux curieux :
Au centre de la cuvette, peu profonde, et d’environ 1,20 m de diamètre, se trouvait un trou cylindrique d’une quarantaine de centimètre de profondeur, précisent-ils dans leur rapport d’enquête. L’on apercevait aussi quatre sillons plus profonds, d’une largeur de 8 cm et d’une longueur voisine de 2 mètres chacun, formant une sorte de croix, ayant pour centre le trou cylindrique. »
Rien de neuf donc sur les fameuses traces. La description est laconique, mais nous avons la confirmation ici que de nombreux curieux se rendirent sur les lieux avant les gendarmes. Le constat fait par ces derniers est donc de moindre intérêt. Hélas !
Enfin, dans la revue « Géo » page 96 du numéro 329 de juillet 2009, une certaine « Geneviève » témoigne : « Maurice Masse était le meilleur ami de son père ». Selon Genevière M. Masse serait venu tout de suite raconter cette chose inouïe à son père et Geneviève poursuit : « Je suis allée sur place avec eux, j’avais dix ans, je me souviens des lavandes brulées et des trous dans le sol ».
La mémoire est curieuse. Même le PV de Gendarmerie de parle pas de lavande brulée ! Mais cela ajoute un mystère, accrédite un quelque chose d’incroyable. Et puis, il faut y croire puisqu’un ami de son père affirme l’avoir vu et vécu…
Geneviève ajoute : « Tout est revenu, malgré moi. Le fils de Maurice en 1999 et puis mon père en 2002, tous deux morts en voiture, sur la plateau…Depuis, je vis avec l’angoisse ». M. Masse (décédé le 14 mai 2004), affirmait pourtant qu’il n’y avait rien à craindre des petits êtres qu’il affirmait avoir rencontré ce matin du 1er juillet 1965 !
Cette même année 2007, lors de ma dernière venue sur les lieux (avec F. Cordier, G. Bonnier et G. Munsch) un petit article fut publié en mémoire de cette rencontre insolite. Un ami de M. Masse, Maurice Chaspoul écrivit alors :
« Littéralement choqué par cette vision et après trois jours de silence, le secret devient trop lourd et il se confie à son ami André Moisson, propriétaire du bar des Sports. Sur son conseil et en sa compagnie, ils se rendent à la gendarmerie pour en faire la déposition… »
Or, la première déposition de Masse date du 02 juillet sous le n° 445 à la gendarmerie de Valensole ! Plus loin, dans ce même article, il est écrit, cette fois à propos des traces :
« Il est vrai que sur le champ et ce durant 8 à 10 ans, la lavande n’a pas repoussé et que l’orifice creusé dans le sol par le pivot central ainsi que les pattes de l’engin était très visibles laissant de fortes et profondes marques dans le sol. »
Or Maurice Masse lui-même a déclaré qu’il n’avait pas replanté de lavandes durant six mois et qu’il avait décidé d’y mettre du blé qui poussa fort bien ! Comme quoi réécrire l’histoire donne du mystère supplémentaire à un déjà bien curieux récit de rencontre du 3ème type et cela sans parler « des traces parfaitement visibles » alors que nous savons qu’un grand nombre de curieux, même avant la venue des gendarmes, se trouvaient sur les lieux piétinant à qui mieux mieux l’endroit de l’atterrissage.
Un des derniers articles mettant à l’honneur le cas de Valensole, fut la revue Nexus qui, dans son numéro de Janvier-février 2017 demande à J J VELASCO :
« Vous avez personnellement enquêté sur l'affaire de Valensole, où Maurice Masse a vu un objet ovoïde au sol, avec deux petits être humanoïdes à proximité (1er juillet 1965). L‘ovni a laissé des traces insolites et la lavande n'a plus repoussé durant dix ans dans le champ de la scène observée. Votre avis sur cette affaire ? « Peu de temps avant sa disparition, j’ai pu rencontrer Maurice Masse. J’ai entendu aussi des clients du Café des Sports, où le témoin est venu raconter son expérience quelques heures le maire de l’époque. Ce dernier se souvenait bien des traces qu'il avait vues le lendemain. J’ai lu dans le détail les rapports de gendarmerie. Les effets physiologiques subis par le témoin (paralysie motrice au moment des faits et hypersomnie dans les jours suivants) en font un cas fort. C’est la plus belle enquête de gendarmes faite sur un PAN. Pour moi, il n'y a pas d’explication des traces, avec ce cylindre lisse - comme façonné - creusé dans le sol, avec au fond trois petites galeries identiques partant du trou cylindrique et la rétention d'eau constatée tout autour; sans compter les marques laissées en surface. Un champ électrique de type micro-onde aurait pu toucher le témoin, modifiant ses réactions physiologiques. C'est troublant. Les plants de lavande endommagés peuvent s'expliquer par la brutale déshydratation du sol, constatée sur le site de l'observation. La confusion avec un atterrissage d'hélicoptère avancée par certains est totalement rejetée. Pour moi, Maurice Masse a réellement été confronté à des faits dépassant l'entendement. »
Surprenante déclaration qui empreint une forme de légende qui maintenant circule encore dans ce monde si merveilleux de l’ufologie. A en lire ce que pense Velasco de la trace, la foudre n’existerait pas ! Et ce n’est pas la seule remarque que nous pourrions faire de cette réponse.
Côté sceptique à présent :
Pourquoi évacuer l’hypothèse d’un hélicoptère alors que cette semaine précise l’armée organisait des manœuvres auxquelles participaient des Alouettes II ? Un sceptique parle lui d’un hélicoptère appartenant à la 6éme flotte américaine en mission d’espionnage. Il est vrai que reconnaitre un cas d’intrusion par d’autres militaires que les nôtres, les autorités préféreraient se taire. (1)
Source : Dauphiné Libéré du 04 juillet 1965.
Le témoin lui-même ne déclare t-il pas lui-même : « Je n'ai jamais dit qu'il s'agissait d'une soucoupe volante » (source le Provençal en date du 05 juillet 1965). L’hypothèse du canular est toujours possible. Je me suis entretenu avec un voisin, excellente connaissance du témoin qui me raconta une bien belle histoire et où M Masse rigolait et se plaisait à faire des blagues à son prochain. C’est tout à fait l’effet qu’il me fit lors de ma rencontre avec lui.
Doit-on préciser que l’objet de ce billet n’est pas de faire une analyse du cas, ni de démontrer que la fameuse trace n’est en fait qu’un impact de foudre (nous pourrions cependant y revenir) mais bel et bien de montrer qu’il est facile de raconter tout et n’importe quoi, quitte à travestir les faits. Le contre-ton n’est pas très apprécié des exoticiens.
Conclusion : Il n’y a pas que les ufologues qui interprètent, influencent des témoins. Parfois eux-mêmes se jouent de tous. Quant aux journalistes ils sont dans leurs rôles fétiches, vendre du rêve, du merveilleux, quitte à déformer les dires.
C’est aussi cela l’Ufologie
Ufo l’Savoir non ?
(P Seray )
(1) - Claude Maugé, Une approche de la théorie réductionniste des ovnis [archive], sur le site Zététique, 2004 : « Et en France, il n'est pas impossible que le témoin de la fameuse RR3 de Valensole le 01.07.1965 ait vu un hélicoptère de la 6ème Flotte américaine en mission d'espionnage (je tiens cette hypothèse du physicien renommé qu'était Yves Rocard) ; les autorités auraient alors préféré laisser parler d'ovni plutôt que de devoir reconnaître une telle incursion sur notre territoire. Cela paraît d'autant plus plausible qu'un avion espion U.S. était intercepté deux semaines plus tard au-dessus de l'usine atomique de Pierrelatte. »
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