Parfois l’ufologie nous régale de commentaires dont nous ne devrions pas rire. Mais la mauvaise foi constatée parfois court-circuite les neurones de la bienveillance. Humain nous sommes et rire voire sourire sont des réflexes.
L’histoire est d’une grande banalité et se base sur une vidéo montrant un objet passant dans le ciel, semblant venir à la rencontre d’un petit avion puis faire demi-tour. Ce qui est, de la logique même de certains exoticiens, une impossibilité de la technologie humaine.
Lire l'excellente étude ici : UAP V video by Jorge Arteaga | Metabunk
Cette courte vidéo est devenue virale, vous pouvez la visionner notamment ici :
Il faut quand même dire que de nombreux ufologues et utilisateurs de réseaux sociaux sont convaincus qu’il s’agit d’un ballon inoffensif peut-être lancé pour le plaisir mais ils sont bannis par ceux qui voudraient plutôt faire apparaître cette affaire comme la preuve d’un véritable « UAP » ou l’acronyme PAN en français. Pour l’ufologue (expert dans l’investigation de cas complexes qui se sont ensuite avérés être des faux comme les momies de Nazca parrainées par Maussan lui-même et que le procureur péruvien a jugé et condamné en tant que pilleur de tombes, tout cela nuit irrémédiablement à l’image de l’ufologie jetant discrédit et dérision. D’autre part, nous aurions également besoin de plus d’attention de la part des médias qui devraient mieux vérifier leurs sources ou peut-être demander conseil à ceux qui traitent de cette question de manière sérieuse. Bien sûr, le but de ces personnages est de transformer l’affaire en une affaire célèbre comme le Tic Tac de Nimitz et pourquoi pas gagner ne serait-ce que deux dollars sur le dos des crédules.
Les faits selon le pilote :
Selon Jorge A. Arteaga, l’objet observé n’était pas un ballon, pas un drone, ni aucun objet connu de lui. Il a enregistré une vidéo de l’observation, dont l’authenticité a été confirmée. Arteaga raconte que l’objet a été vu pour la première fois flottant stationnaire à un point spécifique entre Medellin et Santa Fe. Lui et son copilote, Daniel, volaient vers Medellin quand ils ont remarqué l’objet.
Alors qu’ils s’approchaient de l’UAP, celui-ci s’est soudainement dirigé vers eux, incitant Arteaga à demander à Daniel s’il l’avait vu. Arteaga a ensuite fait demi-tour, capturant la première vidéo de l’objet stationnaire. Pendant qu’il filmait, l’objet s’est légèrement déplacé et il a commencé à le suivre avec l’avion. À ce stade, l’UAP a commencé à se diriger vers eux.
Arteaga a réussi à éviter l’objet en volant à une vitesse de 130 à 140 nœuds, soit environ plus de 300 kilomètres à l’heure. Il a noté que si l’objet avait été un ballon, le sillage de l’avion l’aurait emporté ou perturbé sa position. Il a également exclu la possibilité qu’il s’agisse d’un ballon solaire ou à l’hélium, car l’observation s’est produite à 12 500 pieds avec des températures d’environ 5 degrés Celsius.
Arteaga a exprimé sa peur lors de la rencontre, insistant sur le fait que l’objet n’était ni un ballon, ni un drone, ni aucun objet connu de lui. L’interview complète fut diffusée sur Tercer Milenio 360 Internacional par Maussan TV sur YouTube et TV Azteca.
Cette observation de l’UAP a été suivie de près par des chercheurs du monde entier, qui ont analysé les images à l’aide de processus hautement qualifiés et ont déterminé que la vidéo était réelle et légitime, comme l’a confirmé le pilote Jorge Alcántara.
Voilà pour les faits portés à la connaissance du public. Pour autant, le fait d’affirmer n’implique pas une réalité. Il est clair que nous avons ici affaire à un ballon dont il faudrait retrouver le modèle exact. Artega indique une chose : « le sillage de l’avion l’aurait emporté ou perturbé sa position. » (s’il s’était agit d’un ballon).
Il est intéressant de noter que sa description ressemble beaucoup à un ballon, même s’il dit que ce n’est pas un ballon. La récupération par Maussan est un très mauvais signal que seuls les amoureux des « soucoupes » acceptent de considérer le personnage comme crédible.
Arteaga raconte que l’objet a été vu pour la première fois flottant stationnaire à un point spécifique entre Medellin et Santa Fe. Lui et son copilote, Daniel, volaient vers Medellin quand ils ont remarqué l’objet.
Arteaga a ensuite fait demi-tour, capturant la première vidéo de l’objet stationnaire. Donc le Pan ne fait pas un demi-tour, rien ne le prouve ! Les dires du pilote ne sont qu’interprétations, comme pour la plupart des cas de PAN. Prendre au pied de la lettre ce type d’estimation est une erreur récurrente. Les pilotes sont humains et se trompent comme vous ou moi.
Medellin est la capitale mondiale du ballon. Evitons de le dire chez les exoticiens !
D’autres formes similaires :
Un internaute, persuadé que nous avons ici un véritable OVNI (PAN) déclare : « Ce qui m'intéresse n'est pas de chercher une quelconque vérité mais d'analyser des faits et de reconnaître quand je suis dans l'erreur. » Or son seul et unique argument reste le même : ce n'est pas un ballon parce que l'objet fait demi-tour.
Et il oppose en guise d’argument que le commentateur de l’interview du pilote fait remarquer qu’on observe un point sombre passant en contrebas et dans une direction opposée. Il est alors dit « Si ce n’est pas un oiseau ». L’internaute conclut « Mon analyse est qu’à cette altitude il ne peut y avoir aucun oiseau, il ne reste donc plus d’autres explication que ce point sombre est bien l’OVNI qui fait demi-tour ».
Bien bel argument mais qui ne prouve absolument pas d’une part que le commentateur soit pertinent ici, il ne donne que son avis, qui, en outre, commence bien sa phrase par « Si » ce qui n’exclut rien et encore moins un oiseau. De là notre ami conclut qu’il s’agit bien de l’OVNI qui fait demi-tour ! Pratique.
Sans éléments pouvant appuyer ses dires, ne connaissant ni la date exacte, ni le lieu, ni le sens des vents, un ballon serait impossible !
L’altitude d’un oiseau est en général assez basse (environ de 1500 m) mais certaines espèces volent beaucoup plus haut, comme les oies à tête barrée (Ancerindicus) qui survolent régulièrement la chaine de l’Himalaya à près de 9000 mètres. Ici nous pouvons l’éliminer.
Il existe cependant d’autres espèces comme le Colvert, très répandue ici et ailleurs, qui atteint 21 000 pieds (soit ~6400 mètres) ou bien la Barge Rousse (20 000 pieds soit ~6000 mètres) et même la Cigogne Blanche (16 000 pieds soit 4 800 mètres).
D’autres exemples en image :
Il en existe bien d'autres.
Le Cessna T303 du témoin à les caractéristique suivante :
- Il s’agit d’un petit avion Crusader polyvalent américain, léger, bi-moteur, six places dont la production a commencé en 1978.
- Il a une aile basse, pistons avec puissance de moteurs turbo continental TSIO-520-AE, il développe donc 500 ch.
- Longueur de 9,27 m et envergure de 11,90m.
- Vitesse de croisière de 363 km/h.
- Hauteur de vol maximum : 7600 mètres.
Dire qu’aucun oiseau ne peut atteindre cette altitude est a minima une grosse erreur ! Le commentateur se trompe visiblement et personne ne va vérifier ! Faire de l’ufologie comme cela c’est pratique. Notons que l'avion n'est qu'à ... ~3 000 mètres !
Un autre film a circulé quelques temps auparavant, montrant là aussi un ballon mylar, la forme est curieuse là encore :
De deux choses l’une, soit les PAN sont d’une telle diversité et nous n’aurions aucune chance niveau analyse puisque les confusions deviendraient caduques car invérifiables (et nos visiteurs taquins au point de changer de forme à chaque vidéo) ou bien, c’est bien un ballon.
Notre expert David Vincent est lui-même dubitatif et conclut avec une probabilité forte que l’objet est bien un ballon mylar et que rien ne vient confirmer un demi-tour du dit ballon sauf l’envie d’y croire.
Avant cela, il faut analyser et vérifier les dires et les images.
L’ufologie a encore de beaux jours.
Ufo l’Savoir non ?
(P Seray – 27 avril 2023)
Complément du 10 mai 2023 :
Il est certainement utile de porter quelques précisions à propos d’une « analyse » faite sur cette vidéo par un intervenant. Le travail est louable. Voici les déductions faites et qui, pense l’orateur, résout l’affaire en éliminant un ballon et en mettant en avant le fameux point noir qui ne serait qu’un le pan effectuant un demi-tour. Certains exoticiens s’accrochent à cela.
Résultats de l’analyse :
1/- Au début de la vidéo j’ai trouvé un objet voyageant de droite vers la gauche de l’écran. Il est sous forme d’un point noir. Il apparait loin et très petit mais il est là !
2/- L’objet semble stationnaire puis brusquement, à la toute fin de son passage de droite vers la gauche il se met en mouvement. Notons que malheureusement ce fait se produit au moment où l’image devient floue. Notons que ce bref mouvement inverse pour quelques images est peut-être une indication. Cependant l’arrêt brusque et l’inversion apparente peuvent simplement être des artefacts de compression vidéo.
3/- Les images de la caméra deviennent floues et l’objet n’est plus visible durant une brève période. Il réapparait vers l’avion en se déplaçant plus vers de droite vers gauche.
4/- Peu de temps après que l’objet ait survolé le cockpit et quitté le cadre, un autre objet sombre est visible s’éloignant brièvement. L’objet aurait-il pu tourner brusquement et s’éloigner ? est-ce un oiseau ? Autre chose ?
L’auteur de tout cela, prudent notons-le, se pose quelques questions, légitime et pertinente. Ce qu’en font les ufologues est d’un autre ordre. Ils pensent eux que le point noir vu au début de la vidéo est le Pan lui-même (sous la forme d’une raie Manta !) et que cet objet fait demi-tour pour s’éloigner à très grande vitesse.
Nous pouvons objecter quelques points qui apparaissent pour beaucoup d’une grande importance ici.
1/- Il y a sur analyse de la compression de la vidéo. La fréquence des images et la gigue due aux vibrations est omis (le téléphone portable est dans l’avion). Manifestement l’auteur de l’analyse plus haute est désireux de signaler l’objet (point noir) et de le mettre en évidence. Il ignore les images où il apparait en miroir deux fois dans le cadre et clignotant. Ce sont les effets de l’algorithme de compression du téléphone portable et de la mise à l’échelle artificielle combinée au capteur de balayage.
2/- Sur les gros objets cela ressemble à une déformation et à un flou, mais sur les petits objets il apparaitra comme scintillant lorsque la compression tentera de le rendre plus visible. Il essaie de garder l’illusion de mouvement. Les séquences du téléphone portable ne sont pas conçues pour une analyse détaillée image par image. « Ils mentent pour capturer efficacement le mouvement ».
3/- Il est facile de convenir que le Pan est proche et stationnaire (ce qui est conforme aux déclarations du pilote) et que l’illusion de mouvement est une parallaxe par rapport à la référence fixe de la caméra dans l’avion. L’aspect du pan est dégonflé, argenté et à l’extrémité pointue vers le bas. Un ballon est donc plus que probable (type ballon de fête en mylar avec une ficelle attachée sur le fond).
4/- Le dernier point objectant et qui nous induit en erreur ne se démarque pas des points argentés sur le pare-brise de l’avion. Est-ce quelque chose de collé dessus vs mouvement de la main de la caméra ? Est-ce un moucheron ? La seule chose inhabituelle est le mouvement apparent mais ce mouvement ne signifie pas qu’il est réel.
Sans mouvement relatif ou parallaxe, tout ce que nous avons est un mouvement angulaire ce qui n’indique en rien que nous avons ici le même objet que le ballon qui apparait d’abord au début de la vidéo (furtivement) puis à sa toute fin. Il peut fort bien s’agir d’un minuscule moucheron ou d’une tache sur le pare-brise ou d’une forme énorme se déplaçant à une vitesse hypersonique et à des dizaines de kilomètres.
La conclusion s’impose : L’objet principal ressemble furieusement à un ballon mylar dégonflé (type raie Manta), le petit point visible quelques images au début de la vidéo puis en toute fin, n’être qu’une saleté, un oiseau ou un moucheron. En aucun cas nous pouvons en déduire avec sérieux qu’il s’agit du même objet effectuant un demi-tour pour s’enfuir ensuite. Rappel, le manque de données est cruel ici, pas de date, pas de coordonnées GPS, etc…
Ces exoticiens qui jouent aux sceptiques en ignorant les règles drastiques du scepticisme, se trompent lourdement lorsqu’ils pensent pouvoir dire que l’objet (dégonflé) n’est pas un ballon mylar. Ou alors qu’ils avancent comme trop souvent ils le font, avec la carte du jeu Mimétisme, indémontrable mais pratique. Sinon le fameux rasoir d’OKM s’impose jusqu’à preuve du contraire…
Un intervenant indique :
"Je viens de Colombie, les 'Globos solares' (ballons solaires) sont très courants ici.
Je veux croire mais pour moi ça ressemble à ça, je ne peux pas le voir :
https://www.plasgara.com/images/GloboSolar3.png
https://www.plasgara.com/images/GloboEcologico9.png"
Notes : Le site Métabunk est à consulter sans aucune modération. On y trouve à la place du rêve des discours sensés et souvent étayés. Lire ici : UAP V video by Jorge Arteaga | Metabunk
Source : Medellin capitale des ballons : Alejandro URIBE and the Medellin (Colombia) solarballoon festival (pagesperso-orange.fr)
Ajout du 17 septembre 2023 :
"L'analyse réalisée par « Metabunk » aux États-Unis a conclu qu'il s'agissait simplement d'un ballon stationnaire et que c'était l'avion qui se déplaçait à la place. Pour une autre étude, cependant, il s'agissait en réalité d'un véritable objet volant, car l'apparition d'un point noirdans les images pourrait indiquer que l’UAP a radicalement changé de direction et accéléré de façon spectaculaire, une double performance qu’un ballon ne peut pas accomplir.Pour Mick West, néanmoins, « le petit point vu à la fin ressemble plus à quelque chose sur la vitre du cockpit, combiné avecmouvement de la caméra.En y regardant un peu plus, c'est exactement ce dont il s'agit.Saleté sur la fenêtre.Vous pouvez réellement voir d’autres morceaux de terre faire la même chose.Vous pouvez également voir la caméra bouger de manière significative dans la réflexion, mais la stabilisation d'image maintient l'image extérieure stable, créant le mouvement de la saleté de la fenêtre. »
Avec l'aimable autorisation de Mick West.
Notes :
(6) Mick West, e-mail to V.J. Ballester Olmos, June 19, 2023.
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