A propos des errances en ufologie. En marge l'affaire CERGY-PONTOISE...
- navigateur88
- 3 mars 2022
- 16 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 mars 2022
Introduction :
Le 02 janvier 2017 je fus invité par OVNI-PARIS à présenter le dernier opus Hors Série des « Dossiers de Sceptic-Ovni », opus qui parlait de l’affaire dite de Cergy-Pontoise (1979). Cet opus, à l’époque, faisait le point de ce que nous avions comme sources dans le pseudo enlèvement de Franck Fontaine. J’avais été informé que je devais trouver dans la salle un ufologue qui s’enorgueillissait d’avoir connu l’enlevé, ce dernier ayant été scolarisé dans son école. Cet ufologue « savait des choses ! » ! Je fus déçu même si je ne m’attendais pas à apprendre des informations prouvant que nous avions fait fausse route en affirmant que l’affaire était bidon du début à la fin pour paraphraser feu Jean-Pierre PREVOST.

L'ouvrage est ici :
https://www.lulu.com/de/de/shop/-collectif/ovni-retour-sur-laffaire-de-cergy-pontoise/paperback/product-19kpkerw.html?page=1&pageSize=4
Pour comprendre ce dont il s'agit, lire ici (page 21 et suivante) :
Je rappelle brièvement l’affaire telle qu’elle fut portée à la connaissance du public puis « prise en mains » par des ufologues :
Le 26 novembre 1979, un jeune homme de 19 ans disparait après avoir vu un étrange brouillard entourant sa voiture. Deux témoins, Salomon N’Diaye et Jean-Pierre Prévost déclarèrent que leur ami Franck Fontaine avait été enlevé par un OVNI. Huit jours plus tard, le jeune homme a réapparu. La suite est abracadabrantesque. Le monde de l’ufologie a révélé un travers peu reluisant avec des têtes de files promptes à vouloir tenir le scoop du moment. Certaines d’entre elles officient encore dans ce microcosme, parfois en restant sur la conviction profonde de la réalité de l’affaire et d’autres préférant ne plus en entendre parler quitte à mentir sur les positions qu’ils prirent à l’époque.
L’ufologue Gérard Deforge est de ceux qui restent sur la conviction que Franck Fontaine a véritablement été enlevé par un OVNI durant huit jours.
Je respecte cela, lui moins en ce qui me concerne quand je lui apporte un contre ton.
Citation de Gérard Deforge : « j'ai confié mon scepticisme argumenté quant aux développements de ce grand expert en désinformation qui se nomme Patrice Seray. (Voir son livre sur ses "découvertes" concernant les crop-circle, livre que j'ai acheté et benné !) » (sic).
Gérard Deforge, me nomme « grand expert en désinformation » (que d’honneur) ne s’est pas présenté à la conférence donnée à OVNI-PARIS. Pour quelqu’un qui avait bien des choses à dire c’est regrettable. Mais bon prince, il a promis de publier des documents cinglants. Et c’est dans le numéro 38 de la « Gazette de l’UFO » que je découvre ses commentaires à propos de la dite conférence. Il trouve curieux que le principal personnage de l’histoire, en l’occurrence Franck Fontaine (car pour lui Prévost n’est pas bien important) aurait participé à l’invention de l’histoire. Il se fonde sur le fait que Franck Fontaine a été élève dans son école et présentait à cette époque non précisée, un équilibre certain, des facultés normales et une discrétion comportementale. Quand bien même cette description serait juste, correspondrait-elle au Franck des années 80 l’enlevé de Cergy-Pontoise ? Et surtout que signifie « facultés normales » dans un contexte ufologique ?
Citation de Gérard Deforge : « Il se trouve que j'ai bien connu Franck Fontaine, qui a été scolarisé dans mon école, et que je suis certain de son équilibre, de ses facultés normales, et de sa discrétion comportementale. Il n'en est pas de même de son acolyte, qui était dans la classe de mon épouse »
Gérard Deforge ajoute que sa femme qui a eu Jean-Pierre Prévost comme élève le considérait comme étant farceur.

Pour avoir suivi Franck Fontaine après son abduction et l’avoir côtoyé, je peux dire qu’il était connu pour bien d’autres choses, peu valorisantes, que son prétendu enlèvement ! On est assez loin du portrait lissé et poli de Monsieur Deforge.
Ce préambule n’est là que pour présenter une vision stéréotypée chez bien des exoticiens en la véracité des faits allégués dits de « Cergy-pontoise », ainsi que pour vous faire part de mon point de vue argumenté, raison pour laquelle je ne partage pas les hypothèses qui vont d’un rapt par des extraterrestres à une manipulation des « services secrets » dans le cadre d’une expérimentation psycho-sociale.
Jacques Vallée écrit : « La thèse du canular pur et dur, c'est-à-dire inventé par Franck, contredit les faits tels qu'ils sont connus et prouvés, notamment ce que l'on sait sur les personnes qui étaient présentes au moment de son retour ».
Mais nous devrions avoir d’autres éléments et j’espère que ces derniers seront plus solides que l’aveu du canular par Jean-Pierre Prévost, que les truquages des photos sensées prouver l’existence d’êtres supérieurs, entre autres. Franck était bien complice nous l’avons dûment prouvé dans notre opus. Un des gendarmes, et pas des moindres, a même recueilli des confessions importantes de Franck. Il est curieux que, aimant le factuel, des personnages qui ne sont pas des « jeunots » en Ufologie l’oublient aussi facilement.
Jacques Vallée, qui a passé son enfance à Cergy, ne croit donc pas, lui non plus, au canular. Voilà une conviction exprimée par un grand nom de l’ufologie qui plait aux amateurs de mystères et aux complotistes. Jacques Vallée pense à une expérience plus ou moins militaire avec un commando qui aurait enlevé le jeune Franck dans un but psycho-social.
Une telle hypothèse va à l’encontre de plusieurs choses. D’abord, elle est contraire à la déclaration de Jean-Pierre Prévost en 1983 sur les ondes de Radio-Korigan. (PDF de la transcription à disposition sur simple demande). Il est vrai que les dires de Jean-Pierre Prévost sont sujets à caution mais cette expérience socio-psy aurait demandé un nombre importants de personnes informées voire participantes et des fuites auraient du nous parvenir depuis longtemps. Un secret dans un tel cadre, partagé par plusieurs personnes, n’aurait pas tenu aussi longtemps.
Monsieur Deforge, dans son refus de croire à un canular, se targue d’une rencontre avec le Père de Franck. Ça montre que Monsieur Deforge a cherché à se renseigner. C’est bien. Le résultat n’apporte aucune clarification ni ne dément le canular. Monsieur Fontaine père lui déclara alors : « Ecoutez-moi bien, quand il arrive quelque chose de ce genre, il faut absolument garder le silence, sinon on ne rapporte que des ennuis » puis il tourna les talons et continua son chemin, sans autre commentaire....
Il s’avère qu’un membre du groupe CONTROL a également rencontré le père de Franck. Franck ne voulait pas trop voir son géniteur, leurs rares relations étaient mauvaises. Le témoignage de la mère de Franck, maintenant décédée, n’est pas à l’avantage du père de Franck concernant son caractère. Le tapage dans les médias concernant cette affaire ennuyait le père de Franck. Il était las des risées dont il était l’objet. Tout cela est dans notre opus (voir lien plus haut)
Puis, enfin dirais-je, nous apprenons quelque chose de Monsieur Deforge :
« Je rappelle aussi que j'ai eu d'importantes fonctions syndicales en tant qu'élu pendant 16 ans au Bureau départemental de la fédération Force Ouvrière de l'Enseignement, donc jusqu'en 1999. Notre Bureau, au troisième étage de la Maison des syndicats à Cergy, jouxtait celui de la représentation départementale de la Police Nationale. Et bien entendu nous avons évoqué le cas "Fontaine". La réponse formelle de mon collègue a été celle-ci : "L'affaire Frank Fontaine prenait trop d'importance dans les médias français et étrangers ; nous avons reçu des ordres pour convaincre les médias qu'il s'agissait d'un simple canular, afin d'éteindre "l'incendie". En fait, personne ne peut dire aujourd'hui ce qui s'est réellement passé avec ce garçon…".
J’ai du mal à considérer cette réponse, même si l’affirmation ci-dessus est exacte, comme provenant d’un service de la Police Nationale alors que c’est la gendarmerie qui était en charge du dossier ! Reçu des ordres de qui ? Quand ? La presse dans son intégralité aurait répondu favorablement à cet ordre et propager que c’est un canular alors que le mystère fait vendre ? La liberté de la presse bafouée et personne n’aurait dit mot !. Que de monde au courant et ce lourd secret serait encore conservé de nos jours ? Et surtout, encore une fois, on évacue très vite le courrier d’un des gendarmes reçus par Pascal Isoulet annonçant les aveux en catimini de Franck. Et ce sont ces mêmes ufologues qui demandent aux sceptiques de prouver leurs assertions ! Je n’ai jamais rien affirmé sans au moins quelques éléments de preuves mais me voilà nommé grand expert en désinformation.
Il n’y a que les ufologues pour gober des sornettes pareilles. Le complot encore le complot. J’ai épluché la presse (plusieurs centaines d’articles) pas un ne fait état de cela. La presse s’interroge, la presse parfois en rit, doute, mais aucun article ne suggère une quelconque pression sur le contenu de leur ligne éditoriale concernant l’affaire Cergy. Je pense que Monsieur Deforge restitue un faux souvenir où un souvenir de paroles pas tout à fait exactes.

Cette capture d’un article est sensée nous montrer une « preuve » du sérieux de l’affaire Cergy-Pontoise. Cette photo du témoin avec les gendarmes (publiée dans Nostra n° 447 du 30 octobre 1980) est créditée d’un « Archives/Enquêtes de Gérard Deforge.
Monsieur Deforge poursuit :
« Enfin, je me suis "amusé" à prolonger la trajectoire décrite par la dame de Gisors jusque dans le Val d'Oise, où je me suis arrêté. La trajectoire imaginaire passe à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de la gare des Hauts de Cergy. Je n'en tire aucune conclusion, mais je pense que ce complément est utile à ajouter aux démonstrations de monsieur Seray, car cela devrait entraîner un peu plus de circonspection dans des affirmations qui se veulent définitives. »
Et cela prouverait qu’il n’y a pas canular ? Nous n’en saurons pas plus. Si j’ai du respect pour les convictions, je suis également sensible aux démonstrations. J’accepte cependant que, parfois, elles ne soient pas très faciles à faire notamment quand elles obligeraient la révélation de noms. J’ai été dans ce cas afin de respecter une parole donnée. L’affaire CERGY empoisonne encore pas mal de « vieux » ufologues, et pas des moindres. Il reste des traces qui seront disponibles tôt ou tard mais pour l’instant, je ne peux les publier. Je demeure cependant à la disposition de tout un chacun qui souhaiterait un complément d’informations, voire de lire des PDF encore non publiables publiquement.
Gisors et alors ?
L’affaire de Gisors n’a aucun point commun avec l’affaire de Cergy-Pontoise. Elle se passe… 3 jours avant les faits ! Curieux cette manie de reconstituer un puzzle avec autant d’éléments disparates. Voyons un peu cette affaire de Gisors :
Le 23 novembre 1979, vers 07h15, le témoin, aide-soignante, sort de son travail. Elle se trouve place du marché à Gisors. Le temps est agréable et clair. Ce jour-là c’est jour de marché à Gisors. D’un coup elle a « envie » de regarder le ciel, en direction du Nord. Un vrombissement se fait également entendre, continu et de faible ampleur.
Elle observe alors une boule « couleur du soleil » mais avec une lumière qui n’aveugle pas, qui avance en ligne droite à très grande vitesse et se dirige vers le sud. Le témoin pense que l’objet n’est pas très haut dans le ciel, à peine à la hauteur du clocher de l’Eglise. Derrière cet objet, une trainée faible mais existante. Le tout est bref en durée.
Le témoin déclare alors à l’enquêteur « qu’il y a un lien incontestable avec l’histoire de Cergy-Pontoise ».
Lorsque l’on cherche quelque chose souvent on la trouve et la filiation se fait automatiquement. Que trois jours séparent les deux affaires, que la description soit celle d’un bolide, qu’importe ! C’est un signe. L’enquêteur nous fait part d’une autre coïncidence, d’un autre signe, (voire de 2 signes !): son informateur, informaticien de son état, celui qui lui donna les coordonnées de l’aide-soignante de bolide, lui explique que sur des photos prises lors de vacances, apparait un curieux objet. Il n’a rien observé de visu, mais il y a quelque chose sur les photos. Et de produire deux clichés en provenance de deux endroits différents et montrant deux « objets » qui se ressemblent.


En ufologie, on appelle ça des photos surprises. Les auteurs de prises de vues ou vidéos n’observent rien sur le moment mais découvrent des blurfos (comme il convient de les nommer). Ces blurfos (insectes, poussières passant près de l’objectif, ce dernier ne faisant pas la mise au point car réglé sur l’arrière plan) sont légion et firent du remplissage dans des revues et articles dédiés aux PAN. Depuis IPACO, logiciel d’étude des photos et vidéos, il y en a beaucoup moins sauf chez les exoticiens invétérés, chez les blagueurs ou chez des personnes peu au fait de la problématique.
S’il est vrai Jean-Pierre Prévost et Salomon N’Diaye, les deux compères de Franck Fontaine, ont dit avoir vu une boule de feu dans le ciel de Cergy juste avant l’enlèvement de Franck, il n’est pas possible de faire un lien (dans le sens de l’extraordinaire)avec l’observation de la dame de Gisors. A cette époque de l’année les Alpha-Monocérotides (nom de l’essaim) sont particulièrement actives.
Son curieux nom provient de l'étoile qui se trouve près de l'endroit d'où surgissent les étoiles filantes. Cette étoile appartient à la constellation de la Licorne (Monoceros en latin). Et il est fort à parier qu’il s’agit d’une grosse étoile filante ou petit météore, appelé bolide.

Parmi les documents qu’il fournit en sources, M Deforge cite la revue Nostra. Un petit format qui existait dans ces années là et qui paraissait chaque semaine. Contrairement à ce que nous pourrions croire, il existait de la bonne information dans ce magazine, et, même si des articles souvent frisaient le ridicule, le mérite que je lui reconnais était de fournir l’ensemble des données qu’il avait. C’est précieux pour celui qui cherche et veut vérifier. C’est le cas ici dans l’observation qui va suivre.
Donc dans ce numéro spécifique (référence : Nostra n° 447 – semaine du 30 octobre au 05 novembre 1980 – dispo sur simple demande en PDF ) nous apprenons que le 15 août 1980, jour annoncé par Jean-Pierre Prévost pour une rencontre avec l’entité Haurrio, un curieux phénomène se produisit sur les lieux même de l’enlèvement de Franck et plus précisément dans le champ de choux. Ce témoignage conforte là aussi la certitude de Monsieur Deforge et nous allons voir qu’il faut se méfier de ce qui conforte les attentes.
Il est aux environs de 04h30 du matin. Plusieurs personnes se trouvent depuis la veille dans le fameux champ de choux dans l’espoir d’apercevoir un signe comme le promettait dans son ouvrage collectif « Contact OVNI à Cergy-Pontoise » Jean-Pierre PREVOST (Ref : Edition du Rocher, collection « Les carrefours de l’Etrange » Jimmy Guieu, Franck Fontaine, Jean-Pierre Prevost et Salomon N’Diaye) .
D’un coup, une des personnes présentes s’exclame « Bon sang quel morceau ! ». Il y a comme une très grosse étoile, là bien présente dans le ciel et qui semble entourée d’un halo bleuâtre. Elle semble se rapprocher, puis reculer en clignotant. D’un coup le phénomène bascule et prend une forme ovoïde tout en conservant ses couleurs. Le tout dure 20 ou 30 secondes.
Murielle, un des témoins, explique : « Comme nous repartions, l’OVNI s’éloigna à nouveau très vite et reprit sa forme initiale de grosse étoile très brillante, légèrement plus petite toutefois, entourée d’un halo bleu pâle. Même lorsque nous circulions en ligne droite, l’objet semblait bouger puisque nous l’apercevions d’abord à droite puis derrière nous, puis à notre gauche, enfin devant la voiture. Il (l’objet ou l’étoile) décrivit quelques cercles dans le ciel. Alors que nous étions arrêtés à un feu rouge, une voiture de police venant en sens inverse et roulant à faible allure, nous croisa… Le passager arrière se retourna lentement et tendit le bras vers le ciel en direction de l’OVNI. Un des occupants penchés par la vitre, cria : « Oui, nous l’avons vu ! ».
Voilà résumé le cas qui confirme l’enlèvement de Franck pour notre ufologue. Le phénomène va durer plus de deux heures et une vingtaine de personnes l’observeront. Peu de photos. Parfois un second point lumineux semble apparaître près du phénomène principal. Le ciel présente quelques nuages et malgré cela certaines personnes vont noter la présence insolite de deux trainées blanches qui seraient apparues spontanément !
Les enquêteurs ufologiques d’aujourd’hui se méfient comme de la peste des envies des témoins. Dans ce cas bien particulier l’attente en l’extraordinaire était très forte. On ne reste pas ainsi une nuit entière dans l’attente d’un signe sans prendre le moindre fait en apparence insolite comme étant une réponse. Il convient en conséquence d’être prudent. D’autant que Murielle, principale actrice de cette nuit-là décrivit une scène surprenante mais bien parlante : « Ces trainées apparues spontanément sont reliées entre elles par une sorte de petit nuage lenticulaire et cela dessine dans le ciel un immense H majuscule ». H comme Haurrio vous l’avez compris. C’est qu’elle est farceuse notre entité ! Il est même dit dans l’article de Nostra que Murielle ne connaissait pas le nom de l’entité ! Curieux de venir passer une nuit entière dans un endroit bien précis, alors que la presse, dans toute la France, relaya l’information précisant qu’il devrait y avoir un message d’Haurrio et prétendre ne pas connaitre ce nom …
Mais il reste tout de même le témoignage qui parle de circonvolutions d’une boule dans le ciel. Il serait malhonnête d’éliminer cela sous le prétexte du contexte. Toujours est-il qu’à 06h45 il n’y aura plus qu’un point lumineux sans grand intérêt…
Ah oui, il y aura tout de même une photo de la sphère, celle que réussit à prendre un autre témoin. Pas de bien belle qualité, mais elle existe.

L'OVNI de Cergy...16 août 1980
L’OVNI du 16 août (puisque l’observation a eu lieu à 4h30 du matin) n’était en fait que Vénus. Si à cette époque la vérification était moins aisée que de nos jours (Stellarium est un outil qui s’est largement démocratisé et dont l’utilisation est aisée) à cette époque les enquêteurs les plus sérieux n’avaient qu’une carte du ciel et des éphémérides pour effectuer des vérifications.
Et plusieurs ufologues avaient d’emblée soulevé l’exégèse. Michel Piccin ou même Jean Bastide, auteur de « La Mémoire des OVNI » aux éditions du Mercure de France en étaient. Michel Piccin note que personne ne mentionne Vénus dans le ciel à l’endroit ou tous virent l’étrange sphère lumineuse. Pourtant elle était bien présente et même avec une magnitude sans égal par rapport aux autres astres dans le ciel.
A l’époque, la vulgarisation de notre appareil de vision n’était pas ce qu’elle est maintenant. L’effet nystagmus qui est un mouvement d’oscillation involontaire et saccadé du globe oculaire causé par une perturbation de la coordination des muscles de l’œil n’a pas été mentionné. Même sans ce problème, les yeux ne sont jamais véritablement fixes y compris lorsque nous regardons devant nous et que nous désirons fixer un point. Ces mouvements des yeux sont nommées saccades. Les yeux ne s’arrêtent jamais de bouger. Ces mouvements oculaires minuscules sont essentiels à la vision des objets immobiles. Mais ils peuvent être trompeurs pour l’observateur et donner l’impression que c’est la cible « bouge ».
« Elle semble se rapprocher puis reculer en clignotant avec un balancement. ».
C’est un phénomène tout à fait normal du à l’atmosphère terrestre, ce n’est là qu’un effet d’optique. Lorsque la lumière en provenance d’une étoile pénètre dans l’atmosphère terrestre, elle va subir une série d’infimes déviations chaotiques en fonction des turbulences de l’air (variation de température, de pression, etc.…). Nos yeux traduisent ces déplacements lumineux comme si la source de ces rayons se déplaçait elle-même, ce qui donne l’impression que les astres tremblent ou clignotent. (Source : intra-science.com)
On peut également parler maintenant de l’effet autocinétique qui se manifeste surtout lorsque nous n’avons pas de point de repère prégnant autour du point lumineux. Ici une planète plus ou moins brillante. Ce point est plus net s’il brille faiblement et que le témoin a du mal à estimer une distance entre ce point (planète) et lui.
Notre perception visuelle est bien plus complexe qu’on ne l’imagine. L’image de l’étoile ou d'une planète arrive sur nos rétines mais n’est pas simplement transférée à notre conscience, elle subit aussi un traitement inconscient.
En résumé, l’œil produit des saccades rapides mais ce n’est pas le seul mouvement qu’il fait. La dérive oculaire est un mouvement lent de l’œil et lorsque nous fixons un objet l’image se meut lentement sur notre rétine. Le cortex visuel n’interprète pas cela comme un mouvement de l’œil mais comme un mouvement de… l’objet observé, en l’occurrence ici, la planète Vénus !
Mais pourquoi ?
Il s’agit d’une difficulté liée à l’absence de repère dans l’image disponible.
En clair il s’agit d’une illusion dans laquelle un individu qui regarde dans l’obscurité un point lumineux (étoile ou planète) immobile, en le fixant de façon continue, croit le voir bouger. Cet effet trouve son origine dans l’absence de lumière et disparait immédiatement si la lumière revient puisqu’elle permet au sujet de percevoir un repère qu’il n’avait plus.
C’est très exactement ce que nous décrivent les témoins.
- « L’objet s’élève graduellement, diminue de volume pour devenir un point lumineux au zénith vers 06h45. »
Cela ne correspond qu’à l’ascension apparente de la planète due au mouvement des astres.
Rien d’étrange une fois de plus conclut Michel PICCIN.
Notons enfin que d’autres témoignages arrivèrent plus tardivement, d’un peu partout en France et que les recoupements démontrent qu’à chaque fois Vénus est responsable. Certains de ces témoignages eurent lieu après celui de Murielle, les témoins n’ayant rien relaté auparavant.
S’il fallait une preuve de plus du bon sens de M.M. Piccin , Bastide et de quelques autres, rien ne vaut une capture stellarium, que vous pouvez faire vous aussi de chez vous et ainsi vérifier par vous-même.


Ajoutons pour conclure ce passage difficile avec les affirmations (croyances) de Monsieur Deforge que si un véritable phénomène étrange s’était produit dans le ciel de Cergy cette nuit-là, les membres du GEOS (Groupe d’Etudes des Objets Spatiaux), pas particulièrement sceptiques au demeurant mais extrêmement prudents l’auraient mentionné mais s’ils ont effectivement observé et identifié la planète en question, sans y prêter plus d’attention, c’est qu’ils n’ont strictement rien vu d’autres.
Ah oui, reste le « H » dans le ciel. Deux trainées d’avion qu’un nuage passant dans le ciel vient barrer. Rien de bien sorcier sauf à ajouter une étrange coïncidence et une volonté d’y voir le fameux signe…
C’est un peu long mais il était nécessaire de montrer comment certains ufologues, se croyant sincères et objectifs, se trompent et trompent en même temps ceux qui les lisent. Il ne suffit pas d’être persuadé de quelque chose, ici que le jeune Franck ait été enlevé par des ET. L’affaire de Cergy-Pontoise continue d’empoisonner le monde de l’ufologie, certains ufologues ont disparu de la scène ufologique, écœurés des simagrées de leurs semblables, des batailles d’ego, de la course au scoop. D’autres ont compris et appris des erreurs. J’ai vu des membres d’une même association ufologique chercher le scoop et se battre en paroles en faisant croire qu’eux avaient des éléments que les autres n’avaient pas. J’ai vu et Franck et Prévost rire de tout cela, s’en amuser pour ne pas dire plus. La naïveté de beaucoup fut percée à jour et il en existe de nos jours qui nient désormais farouchement avoir cru à cette histoire. Y avoir cru ou pas n’est pas le plus important, ce qu’il faut retenir ici c’est que cette histoire, ce canular, a fait du mal à l’ufologie. Peut-être aurions-nous été plus inspirés de taire certaines choses plutôt que de raviver des souvenirs permettant à des exoticiens de déverser de nouvelles erreurs, approximations, fiel ?
L’Ufologie exoticienne c’est aussi cela, l’incapacité à apprendre des erreurs du passé. S’il ne semble n’y avoir aucun mal à croire que des ET viennent enlever des humains ou des animaux, il y a un risque certain pour la santé mentale des personnes qui y croient et dont certaines sont persuadées être des « abductées ».
Tisser des liens entre les cas sans éléments de preuves n’est pas un travail sérieux, mais je peux admettre qu’on cherche à comprendre. Encore une fois, pour le nième fois, il faut dire et redire les mêmes choses : Ufologues exoticiens, établissez a minima un protocole, définissez ce que vous cherchez et comment vous voulez vous y prendre. Faites preuve de méthodologie et ne concluez que si les éléments sont tous étayés autrement que par vos convictions.
Cergy-Pontoise et Gisors n’ont strictement aucun lien entre eux, ni aucun avec des extraterrestres.
CONCLUSION :
J’emprunte volontiers cette conclusion à Guillaume DesMontagnes (via Facebook) car elle résume parfaitement ce que je voulais dire en guise de final à cet articulet.
« Pour rappel à ceux qui brandissent des faits, comme si un fait et une preuve en soi, qu'un fait n'a aucune valeur sans son interprétation dans un cadre théorique, et qu’une théorie foireuse donne une interprétation foireuse. J 'en veux pour exemple le fait que vu de la plage l'horizon est plat et que ce fait clairement indéniable est interprété au travers d'une théorie foireuse de façon à "prouver" que la terre est plate. Un fait seul n'est jamais objectif !
Celui qui prétend bec et ongles à l'objectivité d'un fait qu'il balance pour prouver qu'il a raison est possiblement victime ou instigateur d'un confusionnisme qui repose entièrement sur ce principe ! »
Ufo l’Savoir non ?
(Février 2022)
Francine Cordier-Seray et P Seray)
Comments